Voilà un sujet qui n’est pas nouveau ici, puisque j’ai déjà présenté à plusieurs reprises (par exemple ici) des exemples d’association des enfants à des projets de revitalisation de bourgs. La méthode employée a été conçue par l’université d’Uppsala en 2010, elle est aujourd’hui couramment utilisée en Suède, notamment pour des projets portant sur la voirie, les abords des écoles ou les espaces de plein-air. Il m’a semblé utile de la mettre en œuvre chez nous, moyennant quelques adaptations et en particulier l’abandon du travail sous SIG, qui nécessite un programme spécifique et une connexion à l’université d’Uppsala.
Ma cinquième utilisation de cette méthode porte sur une ville bretonne de 4000 habitants, actuellement concernée par un projet de redynamisation du centre. Elle a impliqué 45 élèves, principalement des CM2 et aussi des CM1, répartis entre l’école privée et l’école publique. Comme d’habitude, il était demandé aux enfants de produire en 30 minutes et par tables de cinq une carte mentale de la ville, après quoi chaque enfant passait en entretien individuel (anonyme) et devait répondre en une dizaine de minutes aux six questions suivantes :
- Comment te déplaces-tu pour aller à l’école ?
- Quels sont tes loisirs hors de chez toi et comment te déplaces-tu pour t’y rendre ?
- Y a-t-il des endroits dangereux ou désagréables hors de chez toi, et pourquoi ?
- As-tu un endroit en plein air préféré, et pourquoi ?
- Quel est ton magasin préféré, et pourquoi ? Comment t’y rends-tu ? (question ajoutée au questionnaire de base et justifiée par le projet de redynamisation)
- As-tu des idées pour améliorer tes déplacements et l’environnement hors de chez toi ?
Un premier bilan de cette opération a déjà été présenté ici sous l’angle de la richesse d’expérience des espaces extérieurs et ici pour la pratique de la boulangerie. Le rapport complet est téléchargeable ici, le nom de la ville concernée restant occulté tant que les rapports d’études de diagnostic n’ont pas été rendus publics.
Ce que je retiendrai pour aujourd’hui, c’est que bon nombre des remarques des enfants peuvent parfaitement être intégrées au projet de redynamisation, par exemple en ce qui concerne la sécurisation des abords des écoles, l’équipement des aires de jeux de plein-air, l’attractivité de la place centrale récemment réaménagée, et la végétalisation de la ville. Un autre thème de travail concerne les déplacements : seulement quatre enfants sur 45 se rendent chaque jour à l’école à pied, et aucun à vélo, mais 12 se déplacent ainsi à l’occasion et apprécient de pouvoir le faire, ce qui suggère à la fois un bon potentiel de report vers ces modes de déplacement, mais aussi l’existence de blocages qu’il s’agirait de mieux comprendre. Pour approfondir ce point et quelques autres, j’ai prévu une séance de travail avec le conseil municipal des jeunes. Enfin, il est prévu de revenir vers les enfants avant la fin de l’année scolaire, pour leur rendre compte de la manière dont leur point de vue aura été pris en compte dans le projet de redynamisation.
Merci à Raphaëlle Assa, urbaniste, et à Magali Touati, paysagiste (atelier TerraTerre), pour leur collaboration à ce projet.
Très belle démarche. Bravo et merci pour l’avoir partagée.