Des statues encagées, ou accessibles ?

Place de la République.

A Paris comme ailleurs, certaines statues sont accessibles : on peut s’asseoir sur leur socle, ou éventuellement grimper dessus pour y accrocher des banderoles ou les peindre en rose, par exemple. D’autres, en revanche, sont enfermées dans des grilles plus ou moins esthétiques, dont l’utilité ne saute pas toujours aux yeux ; et quand on entreprend de s’intéresser au sujet, on se demande s’il y a une cohérence dans la politique des autorités. Un petit assortiment d’exemples en photos.

La statue de la République, honnie par Mme Zask, est dotée d’un socle confortablement asseyable qui attire visiblement du monde (photo du haut). Même si cette pièce montée est sûrement moins attrayante que la fontaine du Château d’Eau à laquelle elle succède (photo ci-contre), elle participe quand même à l’identité et à la vie de la place.

Sur la place des Victoires, la statue de Louis XIV est entourée d’une grille ne laissant pour s’asseoir qu’un socle bas et étroit, assez inconfortable. La chose sert d’ailleurs de giratoire, et la Monarchie n’a visiblement pas bénéficié ici des mêmes faveurs que la République sous l’angle de l’aménagement urbain.

Dans le parc du Ranelagh, nous avons une statue de La Fontaine en compagnie d’un corbeau et d’un renard. Elle est asseyable et escaladable, comme en témoigne cette photo montrant un enfant perché sur le corbeau. Noter aussi, sur tout le pourtour arrière de la statue, la présence d’un banc à dossier incorporé dans l’ouvrage et offrant un coin agréable pour converser.

Sur la place de la Bastille, la colonne de Juillet est nettement moins avenante, entourée qu’elle est par une grille ne laissant aucune possibilité de s’asseoir. Pas très républicain, tout ça ! Idem pour la colonne Vendôme, également encagée, et entourée de voitures. Enfin, place de la Concorde, le socle de l’obélisque de Louxor est lui aussi enclos, alors qu’il pourrait devenir un fameux lieu de convivialité, si la place des voitures se réduit aux abords. Peut-être est-ce une affaire de conservation ou de mise en valeur du monument, peut-être craint-on que des hordes de saucissonneurs débraillés altèrent la perception de ce vénérable et prestigieux objet ? Une observation des statues parisiennes dans une perspective « sociotopique » pourrait peut-être révéler des possibilités de créer des lieux attrayants à peu de frais – il suffirait juste d’enlever des aménagements, et non, pour une fois, d’en installer.

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