
Planifier les jeux dans la ville, ce n’est pas, on l’a bien compris, disséminer des toboggans et des bacs à sable en fonction de la demande. Pour Tim Gill, il s’agit plutôt de construire et porter une vision politique de la place du jeu et de l’enfant, que ce soit dans l’ensemble de la ville ou dans des espaces déterminés. Voilà qui fait écho à la notion de « vision pour le lieu », maintes fois abordée dans ce blog (voir par exemple ici ou là).
L’auteur signale que même si l’objectif est de produire du consensus, cette vision politique peut dans un premier temps susciter des conflits, mais que la collectivité gagne à passer par cette étape : « Construire une vision collective aide à s’assurer que les différents groupes d’intérêts sont sur la même longueur d’ondes et à comprendre le point de vue de chacun. Cela peut aider à construire un consensus – par exemple en dépassant les clivages politiques – et à surmonter des désaccords. Cette vision émanant de la collectivité agit aussi comme une puissante déclaration d’intention, et comme point de référence pour des actions futures ». Considérant la diversité des situations, Gill préfère ne pas proposer en la matière des recettes passe-partout, mais il souligne qu’ « une des leçons des villes étudiées est qu’aucun changement significatif ne peut survenir s’il n’est porté par un champion politique [political champion] ». Voilà qui est clair, et on pourra en trouver une excellente illustration dans l’engagement du maire de la ville espagnole de Pontevedra, Miguel Anxo Fernández Lores.
En ce qui concerne les valeurs, Gill prend pour exemple le thème du risque : « pas forcément le risque physique, mais aussi bien le risque émotionnel ou social. En effet, les enfants profitent de diverses manières des expériences de jeu en extérieur comportant un degré de risque. (…) Les municipalités, qui peuvent être au cœur des débats sur la sécurité publique, doivent avoir une approche solide, réfléchie et équilibrée du risque pour les enfants, particulièrement en ce qui concerne la conception des espaces de jeux ». L’auteur recommande une approche du type « analyse bénéfices / risques » qui, même si elle demeure peu répandue, rencontre un intérêt croissant et a été mise en œuvre pour des équipements de grande qualité, comme le Queen Elizabeth Olympic Park à Londres.