D’Edward T. Hall à William H. Whyte

La méthode des sociotopes repose en partie sur des idées développées et mises en pratiques par l’ethnologue et urbaniste américain William H. Whyte (1917-1999). Celui-ci reste trop peu connu en France, et son best-seller « The Social Life of Small Urban Spaces » n’a d’ailleurs jamais été traduit dans notre langue [NB : mais sa traduction est en voie d’achèvement pour ce blog !]. En revanche, les thèses de Whyte sont étroitement liées à celles d’un autre ethnologue américain qui est, lui, bien connu chez nous : il s’agit d‘Edward T. Hall (1914-2009), dont plusieurs ouvrages ont eu un grand succès en France et sont disponibles en édition de poche – notamment « La dimension cachée », « Le langage silencieux » et « Au-delà de la culture ».

Une des thèses de Hall est que l’homme modèle son espace en fonction de la distance que les individus observent les uns par rapport aux autres, laquelle varie en fonction des cultures. L’auteur distingue également entre les espaces « sociofuges », qui isolent les individus, et les espaces « sociopètes », qui favorisent la rencontre et les échanges – le hall de gare et le café pouvant être deux illustrations de ces types d’espaces. Néanmoins, là encore, le caractère « sociopète » ou « sociofuge » d’un lieu peut varier en fonction de la culture des habitants. On a ici un lien direct avec la méthode des sociotopes, qui analyse la manière dont les gens pratiquent un lieu dans un environnement culturel donné.

Lorsque Whyte expose la manière dont les gens tentent de s’asseoir dos à dos sur un banc qui n’est pas suffisamment large (voir S’asseoir à l’extérieur (4) : s’asseoir dos-à-dos), il évoque la notion de « proxémie » développée par Hall (avec les sphères dites intime, personnelle, sociale, publique, auxquelles il attribue des valeurs chiffrées correspondant à la société américaine). En attendant qu’un éditeur français veuille bien s’intéresser à Whyte (il faudrait peut-être leur faire des propositions ?), nous pouvons donc commencer par lire ou relire les ouvrages de Hall, et peut-être faire aussi un petit détour par le sociologue Erwing Goffman, spécialiste des interactions sociales, dont le livre le plus connu (La mise en scène de la vie quotidienne) est également disponible en France.

Photo : le hall de gare, un espace « sociofuge » selon E.T. Hall.

Date de l’article d’origine : 22 mars 2012

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