On continue avec W.H. Whyte (mais je ne vais quand même pas vous traduire tout son bouquin ! (1)) : « Une autre dimension importante : le dos des gens. C’est une dimension que les architectes semblent avoir oubliée. Vous trouverez rarement un muret ou un banc sur lequel on puisse s’asseoir des deux côtés ; certains ne sont d’ailleurs même pas assez larges pour que l’on puisse s’asseoir sur un seul ! Le plus frustrant, ce sont les murets juste assez larges pour inciter les gens à s’asseoir des deux côtés, mais trop étroits pour qu’ils puissent le faire confortablement. Observez de tels endroits, et vous verrez les gens faire des efforts malhabiles pour s’y adapter. Les bancs sur la place de General Motors en offrent un exemple. Ils font 61 cm de large et sont normalement utilisés d’un seul côté. Le dimanche, toutefois, des quantités de touristes et de promeneurs vont s’asseoir des deux côtés ; mais pas confortablement : ils doivent s’asseoir sur le rebord, bien droits, et leur maintien raide donne l’impression qu’ils ont conclu une trêve tacite.
Nous en arrivons ainsi à l’une de nos conclusions fracassantes : les murets et espaces suffisamment larges pour accueillir deux personnes dos à dos accueillent les gens plus confortablement que ceux qui ne sont pas assez larges. Avec 76 cm on y arrive, avec 91 cm c’est encore mieux [30 et 36 pouces]. Avec quelques centimètres de plus, les aménageurs peuvent doubler l’espace pour s’asseoir. Cela ne veut d’ailleurs pas dire que deux fois plus de gens vont utiliser l’endroit : ce ne sera probablement pas le cas. Mais là n’est pas la question. L’avantage de cet espace supplémentaire, c’est le bien-être social – plus de place pour les gens en groupe ou seuls, davantage de choix et de visibilité des choix. »
(1) Si ! C’est en cours depuis 2019, les articles sont sur l’ancien blog et seront mis sur celui-ci.
[NB1 : la règle des 30 pouces semble être devenue une norme d’urbanisme à New-York, et les constructeurs qui offrent sur leur « plaza » des murets ou bancs d’au moins 76 cm de large et accessibles des deux côtés sont crédités d’un linéaire « asseyable» multiplié par deux, par rapport à l’hypothèse d’une largeur inférieure.]
NB2 : sur la photo ci-dessus, prise dans un jardin public de Brest, on a un exemple de banc accessible des deux côtés, mais pas suffisamment large pour que l’on puisse s’y asseoir dos à dos. Et comme il n’a pas de dossier, il n’est pas confortable non plus pour les gens assis d’un seul côté.
Date de l’article d’origine : 16 janvier 2012