Le site « Social Life Project » vient de mettre en ligne un très intéressant article intitulé « Bollards : How they add to our social life in communities », écrit par Fred Kent et Kathy Madden, deux collaborateurs historiques de PPS (Project for Public Spaces). Le terme « bollard » n’est pas si simple à traduire en français car il recouvre aussi bien les potelets et bornes placés dans les espaces publics, souvent le long des chaussées, que les bittes d’amarrage dans les ports. En fait ce sont toutes sortes d’objet de formes variées, parfois sphériques, qui sont installés pour éviter l’incursion des voitures dans les espaces publics. Leur prolifération est parfois irritante et d’ailleurs décriée : ces objets peuvent être dangereux, notamment pour des personnes handicapées ou mal-voyantes, et ils traduisent l’incapacité des autorités à faire respecter les règles de stationnement, donnant d’ailleurs implicitement une sorte de feu vert pour se garer sur les trottoirs là où il n’y en a pas – un phénomène très répandu dans les villes françaises. Aussi ai-je découvert avec intérêt cette célébration de la borne urbaine, basée essentiellement sur le détournement de sa fonction par les piétons. Quelques extraits.
« Peu de gens voient dans les bornes une aménité, notamment parce que beaucoup les considèrent comme une sorte de barrière ou une manière d’écarter les gens d’un lieu. Mais il n’en est pas nécessairement ainsi. Les bornes peuvent être des points d’arrêt et offrent des lieux de rassemblement. Au mieux, on peut s’y pencher, s’y jucher ou y engager une conversation. Quand cela fonctionne bien, elles peuvent être des sortes de points focaux pour des interactions sociales.
Les bornes de différents types sont utilisées de différentes façons, mais les meilleures ont en commun qu’elles arrivent à soutenir l’activité sociale. La raison en est que les bornes fonctionnent souvent comme des abris pour les gens, et les aident à se sentir bien dans un lieu qui sinon leur apparaîtrait exposé. Les intersections ou les grandes places sont des exemples de lieux où les gens se sentent mieux en s’appuyant sur une borne. D’une façon générale, les bornes peuvent avoir de nombreux rôles dans la création et la protection d’espaces publics. Elles peuvent se prêter au jeu, être asseyables, ou même avoir un caractère artistique ».
Le reste du texte accompagne les nombreuses photos de l’article, dont je vous invite vivement à prendre connaissance parce qu’il s’agit là d’un regard original et stimulant sur l’environnement urbain et son mobilier. On y trouve également matière à réfléchir sur ce qui fonctionne ou pas – en termes de hauteur, de forme, d’implantation… – tout en sachant que, comme le montrent bien les photos, les gens font preuve d’une capacité étonnante à tirer parti des objets les plus ingrats en apparence.
Intéressant ! Le compte twitter de la « World Bollard Association » illustre assez bien les bénéfices (parfois même la poésie) et la brutalité de l’objet ! Un must see …
Excellente référence, merci Simon ! J’adore en particulier les vidéos dans lesquelles on voit des voitures massacrées par des « bollards ». Et surtout celle où une voiture est ensuite écrasée par une sorte de marteau géant avant d’être avalée par la chaussée. Jouissif !