Sociotopes nantais : le contact avec l’eau

Outre la facilité de repérage et d’accès, la possibilité d’un contact avec l’eau est une des conditions du sociotope parfait. Mais de quel genre de contact s’agit-il ? Si le contact visuel n’est déjà pas mal, rien ne vaut le contact physique, ce qui implique que les gens puissent accéder à l’eau pour y tremper les orteils, y patouiller, jouer avec, s’en asperger, ou même s’y baigner. W.H. Whyte disait quelque chose comme « il n’est pas très sympa de mettre de l’eau devant les gens si c’est pour les empêcher d’y accéder », partant du constat que dans trop de parcs et jardins publics, l’eau est barricadée pour des motifs de sécurité ou d’hygiène.

La ville de Nantes offre deux exemples récents, particulièrement réussis, de promotion du contact physique avec l’eau, sous des formes très différentes.

Le premier est le miroir d’eau de 1300 m² qui a été implanté en 2015 à côté du château. « Bof… on a déjà vu ça à Bordeaux », pourra-t-on me rétorquer, et le fait est que le miroir d’eau est devenu depuis une sorte de tarte à la crème dans les idées de mise en valeur d’espaces publics. Toutefois, l’environnement arboré et les multiples possibilités de s’asseoir ou de s’allonger rendent l’endroit à mon avis beaucoup plus convivial et « invitant » qu’à Bordeaux, même si (ou grâce au fait que ?) la chose semble avoir moins de prétentions esthétiques. Le succès est au rendez-vous : en ce samedi après-midi plutôt chaud, l’endroit grouille de monde – surtout des enfants, mais aussi des jeunes, des parents, ou des passants qui se déchaussent et marchent dans l’eau en chemin vers la gare. C’est là un haut-lieu de mixité sociale, ethnique et générationnelle, qui offre à tout le monde du plaisir pour pas cher et où l’on partage démocratiquement les verrues plantaires et les germes de pieds sales. De plus, ce lieu magique a été récupéré sur l’espèce d’autoroute urbaine qui était là auparavant – je ne sais pas ce qu’on a fait des voitures, mais j’ai idée que la ville et ses habitants ont gagné dans l’opération. Plus d’infos ici.

La cascade et son arc-en-ciel.

Le second exemple, un peu en aval du centre dans le quartier de Sainte-Anne en bordure de la Loire, est le « Jardin extraordinaire » aménagé dans une ancienne carrière et où a été réalisée une cascade de 25 mètres de haut. Celle-ci débouche dans un bassin en produisant plein de gouttelettes et de fraîcheur, ainsi qu’un arc-en-ciel du plus joli effet. On peut s’approcher suffisamment près pour se faire doucher, et là encore le sociotope fonctionne bien, d’ailleurs de jeunes mariés sont venus là se faire prendre en photo, ce qui comme chacun sait est un excellent indice de « fierté du lieu ». Dans les mares créées en contrebas, des grenouilles vertes coassent et des promeneurs s’amusent à les observer. La biodiversité de cet espace singulier, qui laisse une large place à la broussaille, fera d’ailleurs l’objet d’un autre article d’ici peu.

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