La facilité de repérage est une des conditions au succès des espaces verts, et il m’est souvent arrivé d’en prendre pour exemple le Jardin des Plantes de Nantes : quand vous sortez de la gare, vous voyez immédiatement ce magnifique parc qui se trouve presque en face, et plein de gens s’y trouvent visiblement bien mieux que dans le hall de la gare pour attendre leur correspondance. Par contre, vous pouvez fréquenter la gare Montparnasse pendant des années et y attendre des trains dans le vacarme et la cohue sans savoir qu’il y a un parc public juste au-dessus de votre tête.
La repérabilité du parc nantais me paraissait donc déjà exemplaire, mais voilà que la Ville a réussi à faire encore mieux en « tirant » celui-ci vers la gare grâce à des plantations supplémentaires et en supprimant tout trafic automobile entre la gare et le parc, de sorte qu’il ne reste plus que les voies du tramway à traverser. Non seulement le Jardin des Plantes est encore plus visible, mais il est bien plus accessible, et les paysagistes qui ont conçu ce projet ont réussi le rare exploit de ne pas encombrer le parcours par du mobilier, des parterres de végétaux ou des marches : au contraire, les personnes sortant de la gare sont en quelque sorte canalisées vers le parc, qui se trouve maintenant de plain-pied avec celle-ci. Voilà qui contredit une loi non écrite selon laquelle dans ce pays, tout itinéraire de « déplacements doux » doit nécessairement comporter une difficulté bien rebutante, car rien ne doit être trop facile et tout un chacun doit en baver un peu pour mériter un agréable séjour dans l’au-delà.
Le surcroît de fréquentation semble fort bien absorbé par le parc, toujours parfaitement tenu et où l’impression de sécurité ne peut que bénéficier d’une augmentation des flux de visiteurs.