« Le Monde » découvre les boîtes à livres

Ils y ont mis le temps, mais cela valait la peine d’attendre : Le Monde du 17 août propose pour la première fois à ses lecteurs un article bien documenté sur le phénomène des boîtes à livres, dont nous avons parlé ici à plusieurs reprises ces dernières années. Cet article se base en grande partie sur une publication que la journaliste Stéphanie Scholl a consacrée à la question (« Des livres dans les boîtes, les boîtes dans les rues »). On apprend que « contrairement à une idée selon laquelle ces boîtes nous viendraient des États-Unis, où elles auraient vu le jour à la fin des années 2000, nous devons leur invention à un duo d’artistes israéliens installés en Autriche ». « Aujourd’hui, on trouve des boîtes à livres dans tous les espaces, urbains ou pas (…). « En Bretagne par exemple, le petit patrimoine sert fréquemment de support aux boîtes à livres. Il y en a une dans un ancien lavoir à Morlaix, une autre dans un ancien puits à Pluguffan, une dans un pigeonnier à Cancale… et parfois même au milieu de nulle part, comme à Erdeven, où j’en ai vu une sur un chemin d’accès à la plage, quasi introuvable », raconte Stéphanie Scholl ».

Et parce que nous sommes dans Le Monde et qu’il importe d’élever le débat, l’article nous indique sur la fin que « le concept ne va pas sans soulever quelques questions, notamment sur le statut de la boîte à livres dans des politiques publiques de la lecture : La boîte à livres est-elle complémentaire d’une politique publique de soutien de la lecture ? Y a-t-il au contraire un risque qu’elle ne serve de substitut à bas coût à cette politique ? Caractérise-t-elle une population éduquée qui n’a plus besoin de médiation culturelle pour accéder à la lecture ? »  Ces choses-là nous dépassent un peu dans ce blog, et ce qui nous importerait d’abord, ce serait que ces boîtes à livres soient judicieusement implantées avec le souci de rendre des espaces publics urbains ou ruraux plus accueillants et agréables – avec par exemple la possibilité de s’asseoir confortablement. Et ce n’est malheureusement pas toujours le cas. Raison de plus pour donner en exemple des boîtes bien implantées, comme celle (photos du milieu et du bas) qui a été aménagée dans une ancienne cabine téléphonique sur la commune de Saint-Agnan-en-Vercors. Elle se trouve en pleine campagne, mais aussi dans un carrefour qui accueille aussi un arrêt de bus, une jolie aire de pique-nique bordant le ruisseau de la Vernaison aux eaux cristallines, des jeux pour enfants, un point de collecte sélective des déchets ménagers, et des toilettes ! L’endroit est donc stratégique pour inciter des gens à s’arrêter. Et en plus il y a d’excellentes lectures dans cette boîte, entre autres des livres de Daniel Pennac qui est un peu un enfant du pays.

Dans le même ordre d’idées, mais cette fois dans l’environnement d’un tout petit bourg rural (Saint-Chély-d’Aubrac), vous trouverez ici dans ce blog une photo d’une boîte à livres installée sur une placette et près de laquelle sont même proposées – délicate attention – une table et des chaises déplaçables. Je ne sais pas si elle n’est utilisée que par une « population éduquée qui n’a plus besoin de médiation culturelle », mais elle est bien « invitante » et elle donne envie d’y piocher, ce que je n’ai pas manqué de faire.

Photo du haut : boîte à livres « au milieu de nulle part » en Autriche (Lingenau, Vorarlberg).

Date de l’article d’origine : 27 septembre 2019

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