PlaceGame à Avranches

Avranches est une petite ville de 8000 habitants, perchée sur un promontoire dominant la baie du mont Saint-Michel. Le centre-ville, compact et bénéficiant d’une forte densité commerciale, possède des espaces publics de qualité et jouxte un superbe Jardin des Plantes, qui offre un  belvédère sur la baie et le Mont. Malheureusement, le visiteur est frappé par l’envahissement quasi généralisé des espaces publics par les voitures ainsi que par les mauvaises conditions de déplacement dévolues aux piétons. La nouvelle municipalité a souhaité réagir et recherche les moyens d’améliorer l’attractivité des espaces publics et des rues. Dans ce cadre, et suite à une formation sur les sociotopes proposée par l’ADEME Basse-Normandie en 2015, elle a décidé de tester le PlaceGame en préalable à des des actions de réaménagement des espaces publics associant les habitants.

Dans la foulée d’une conférence sur les espaces publics et les sociotopes destinée aux élus, un PlaceGame a été organisé le 23 janvier pour une quinzaine de personnes, élus et habitants engagés dans vie locale, sur trois sites choisis par la Ville :

– La place du Marché : en lisière du centre, elle sert uniquement de parking, sauf le samedi matin où se déroule le marché.

– La place Littré (place de la mairie) : très bien connectée aux rues principales du centre, elle est aussi utilisée comme parking. A noter que l’escalier de la mairie, situé face au sud, est un point de rendez-vous favori des ados aux premiers rayons du soleil.

– La place Carnot : située entre le centre et le Jardin des Plantes, elle est essentiellement utilisée, devinez, je vous le donne en mille ? …comme parking,  mais elle comporte aussi de vastes espaces vides et engazonnés, au milieu desquels la trajectoire des piétons cherchant à accéder au jardin est relativement complexe.

Comme d’habitude, le PlaceGame comportait une phase d’observations, de notation et d’entretiens sur le terrain (15 minutes), puis une phase de travail par groupes de cinq personnes sur le diagnostic et les propositions d’aménagement de chaque site (30 minutes). L’opération s’est déroulée dans une ambiance dynamique, chaque participant ayant eu à cœur d’enrichir la réflexion commune, et le bilan a fait apparaître une satisfaction unanime quant aux qualités de la méthode. Le caractère très productif de la démarche a été particulièrement apprécié, et notamment sa capacité à faire émerger des propositions riches et crédibles dans un temps très court. Si ces contraintes de temps ont pu être vécues comme frustrantes, elles ont aussi été appréciées parce qu’obligeant à aller vite à l’essentiel. Enfin, la possibilité de réfléchir à la fois dans un esprit « lighter / quicker / cheaper » et à plus long terme avec des moyens financiers plus importants a aussi été jugée productive.

Comme à chaque fois que cette méthode est testée par des  élus ou des techniciens, c’est à dire en dehors de son cadre « normal » qui est celui d’une utilisation par des groupes d’habitants, se pose la question de savoir comment elle peut être mise au service de projets précis portés par les habitants eux-mêmes. Il est clair que si le PlaceGame permet de faire émerger les potentialités d’un lieu et de faire prendre conscience aux participants de leur capacité à faire des propositions pertinentes, il n’est que le point de départ d’une démarche plus longue mettant en œuvre d’autres méthodes, comme les Onze points pour réussir les espaces publics ou encore des méthodes d’observation plus poussées, comme la cartographie des déplacements des gens à travers un espace (voir Suivez-moi, jeune homme). L’opération « PlaceGame » s’est d’ailleurs conclue par l’idée qu’il est primordial d’arriver à faire émerger une vision pour le lieu, ce qui constitue une des onze étapes définies par PPS (Project for Public Spaces). Enfin, si la place de la voiture dans les espaces publics constitue un problème récurrent, il ne saurait être question de vouloir « chasser » ou « interdire la voiture » : le cœur de toutes les propositions présentées consiste à offrir à tous les habitants, sans oublier les plus vulnérables, un maximum de plaisir, de confort et de sécurité dans l’usage quotidien de leur ville. C’est là-dessus qu’il faut construire et communiquer.

Merci à Simon Jouault (chef de cabinet du Maire), Alain Atlan (conseiller municipal délégué accessibilité et handicap) pour leur investissement dans ce projet, et à Cécile Ferrand, conseil en urbanisme participatif, pour sa collaboration à l’encadrement du PlaceGame.

Photo du haut : une participante teste un banc sur la place du Marché… Date de l’article d’origine : 25 janvier 2016.

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