Sociotopes suisses

Deux semaines de vacances en Suisse en période de canicule offrent au visiteur de multiples occasions de tester les sociotopes du pays, en particulier au bord des lacs et des rivières. Parmi les constats positifs : les abords de l’eau sont souvent superbement mis en valeur avec parcs, baignades, jeux, pistes cyclables etc. Bien sûr on peut trouver aussi bien chez nous (à Annecy par exemple), mais ce souci démocratique d’offrir à tout le monde des espaces de qualité donne de la Suisse une image plus sympathique que certains clichés. Autre point positif, où la Suisse fait mieux que nous : l’accessibilité des sociotopes, grâce à une circulation apaisée (les seuls ralentisseurs sont les panneaux de limitation de vitesse…), peu intense dans certaines villes comme Berne, et aux efforts en faveur des vélos (là encore une mention spéciale à Berne). Les principes d’aménagement d’esprit « streets as places » sont mis en œuvre dans des villes de toutes tailles, produisant des réseaux de places et de rues réservées aux piétons et aux vélos et générant une forte activité commerçante. Un bel  exemple est visible à Sion (Valais) où l’on se demande ce qu’ils ont fait des voitures, toujours est-il que tout le centre ancien est devenu un superbe lieu de promenade et de vie sociale. Autre point fort, particulièrement appréciable l’été : les innombrables fontaines publiques permettant au touriste harassé de se rafraîchir. Enfin, on trouve ici ou là des aires de jeux pour enfants extraordinaires à la fois par leur côté apparemment pagailleux et par la richesse des activités possibles – c’est un point commun avec l’Allemagne, et une surprise dans un pays que l’on imagine très à cheval sur les normes.

Mais on peut faire aussi des constats moins agréables. Une différence majeure avec la France est que la quasi-totalité de l’espace et de la voirie apparaît clairement « normée » – c’est à dire exploitée, entretenue, gérée, réglementée – aux  yeux du visiteur le moins averti. Il y a certes des foules de chemins de promenade permettant l’accès à la nature, mais on cherche souvent en vain le genre d’espaces informels si abondants chez nous où l’on peut garer la voiture, pique-niquer, jouer aux boules ou piquer un roupillon sans se préoccuper de savoir si « on a le droit » ou pas. De « privat » en « verboten », la recherche d’un coin pique-nique dans certaines zones rurales relève du parcours du combattant. Notre joyeuse pagaille française, où on ne sait pas toujours qu’est-ce qui appartient à qui et où de toute manière tout le monde s’en fiche, peut finalement avoir des côtés plus accueillants.

Photos : la plage de Genève, le centre de Sion, le lac des Quatre-Cantons. Date de l’article d’origine : août 2015.

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