Provins (Seine-et-Marne) a le charme de ces petites villes médiévales qui donnent l’impression d’être restées hors du temps. Ici on cultive les roses, les valeurs traditionnelles et le notable modéré, comme en témoigne cette plaque qui, sur une place de la ville, expose le riche curriculum-vitae de monsieur Alain Peyrefitte, maire de la localité durant 32 ans.
Dans un recoin bien caché, le croquignolet square du Souvenir Français nous offre une statue exprimant la reconnaissance des citoyens envers Victor Garnier, « bienfaiteur de la ville », au milieu d’un délicieux décor de grands arbres, de parterres floraux et d’allées gravillonnées où l’on entend crisser ses pas. Au fond du jardin, dans la direction de l’ancien établissement de bains-douches aux allures de temple grec, une surprise nous attend : c’est un escalier en béton combinant des marches avec un plan incliné, comme on en voit partout dans certains pays mais pas tellement chez nous (le seul autre exemple que je connaisse pour le moment, mais il n’y a pas longtemps que j’y prête attention, se trouve à Pau).
Cette antiquité n’est sûrement pas conforme à la norme Iso machin, d’ailleurs elle n’est même pas équipée de la bande podotactile exigée par la norme NF P98-351, mais au moins on peut y faire passer des poussettes ou d’autres engins roulants, à la différence de l’exemple que nous venons de voir ici. Voilà une expression du génie français qui mériterait bien une statue à la gloire de son inventeur, à moins qu’il ne s’agisse là d’un des nombreux bienfaits attribuables à monsieur Peyrefitte, grand voyageur qui rapporta peut-être cette idée d’une contrée lointaine – la Chine, qui lui était chère ? Même si cette innovation quasi révolutionnaire n’a guère fait école jusqu’à présent, je tenais à la faire connaître, pour avoir célébré ici (puis là, avec l’exemple de Pau) les mérites du plan incliné.
Sociotopes en France 