Étudier les sociotopes en hiver

Si l’hiver peut faire apparaître des sociotopes originaux ou transfigurer des sociotopes existants, par la vertu de la neige et de la glace, il faut bien reconnaître que les conditions hivernales ordinaires sont plutôt ingrates pour le sociotopologue. Mais celui-ci ne choisit pas toujours les dates de ses études, et c’est un sujet que j’avais déjà abordé ici, à propos de Lorient, et là, à propos de Strasbourg, pour signaler que dans des environnements très urbains et éventuellement à la faveur d’un petit rayon de soleil, on pouvait tout de même faire de belles observations.

Voici qu’il m’échoit à nouveau de cartographier les sociotopes entre décembre et janvier, cette fois dans une petite ville du centre-Bretagne à la pluviométrie notoirement élevée (1200 mm par an). A priori ce n’est pas forcément un gros problème, car si l’autochtone tend à détester le temps froid et sec, le temps doux et humide ne le décourage pas de sortir. Mais ces conditions limitent quand même les activités possibles – même les Bretons n’aiment pas s’asseoir sur un banc trempé – et elles limitent aussi l’activité de l’observateur : peu de temps disponible, cartes et bloc-notes qui se gorgent d’humidité, moral en berne sous un ciel plombé et les bourrasques… Quoi qu’il en soit, je vais devoir m’y mettre, et tenter de compenser la probable maigreur des observations directes par le recours aux indices d’utilisation ou à des témoignages d’habitants, tout cela afin d’alimenter un projet de redynamisation du centre-ville.

Dans les semaines à venir, je vous raconterai donc la progression de cette étude, depuis le travail préparatoire jusqu’aux résultats, en passant bien entendu par les séances sur le terrain. Une façon de reprendre le fil de ce blog, que j’ai dû interrompre durant deux mois.