Une baignade en rivière à Moret-sur-Loing

Nageuses descendant l’Aar en pleine ville de Berne, dans un courant violent et une eau profonde.
Pataugeoires pour les enfants à Moret.

Me baladant un soir de septembre à Moret-sur-Loing (Seine-et-Marne, 12 000 habitants), je remarque des personnes en train de se baigner dans le Loing en contrebas du centre-ville, et cette observation me surprend un peu. En effet, la baignade urbaine en rivière n’est pas spécialement populaire en France, alors qu’elle l’est par endroits hors de nos frontières (j’ai déjà signalé les cas de l’Aar à Berne et de l’Isar à Munich, où pour un peu il pourrait s’agir d’un moyen de transport si les employeurs permettaient de venir travailler en maillot de bain). De plus, les rivières de la région parisienne n’ont pas forcément une bonne réputation pour ce qui est de la propreté ; mais ce Loing m’a l’air bien propre avec son eau claire qui court sur un fond rocheux, et sa bonne odeur de rivière au-dessus de tout soupçon. On a vraiment envie de s’y mettre !

Un baigneur fait sécher ses serviettes sur son vélo.
A droite, un panneau qu’on aimerait voir plus souvent. Le panneau de gauche n’interdit la baignade que dans un secteur délimité.

Observant les choses d’un peu plus près, je remarque que des gens ont délimité dans le lit de la rivière, avec des grosses pierres, des sortes de pataugeoires pour les enfants. Je note aussi la présence d’un écriteau fort instructif, et à mon avis assez rare dans ce pays, signalant l’existence d’une « zone de baignade non surveillée ». Juridiquement, le baigneur pratique les lieux à ses risques et périls, et la commune n’est tenue ni à la mise en place d’une surveillance, ni à l’analyse de la qualité de l’eau, à partir du moment où il n’existe aucun aménagement spécial constituant une incitation à la baignade. La commune a pris ses précautions : l’amateur de baignade est clairement averti des multiples périls qui le guettent (« courant d’eau froide et risque d’hydrocution, nombreux tourbillons, plantes aquatiques pouvant entourer le baigneur et le bloquer, risque que les bouées soient emportées par les courants, débris de branches et divers objets, fausse profondeur… »). De plus figurent des numéros d’appel d’urgence.

Au plan juridique et de l’information des usagers, l’exercice est assez délicat à réussir, car il faut informer sans inciter, et mettre en valeur le potentiel du lieu pour la baignade tout en s’abstenant de réaliser quelque aménagement spécial que ce soit (il y a juste des escaliers rudimentaires et anciens qui facilitent l’accès à l’eau, mais sans plus). Comme avec son réaménagement de place, Moret-sur-Loing semble avoir trouvé la bonne formule. Ici il s’agit d’établir un lien fort, physique et sensuel (eh oui, c’est aussi une dimension de la baignade !), entre les habitants et leur jolie rivière célébrée par de nombreux peintres. C’est sûrement un exemple à promouvoir.

Voir aussi dans ce blog : Baignades en rivière, quels droits ?

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