Lorsque le sociotopophile en vacances a envie de se changer des visites de châteaux, de musées et d’églises romanes, il peut s’intéresser à toutes sortes de sujets amusants, bizarres ou instructifs. L’article de l’autre jour sur les bornes et potelets m’a ouvert de nouvelles perspectives, nous en reparlerons, mais pour le moment je m’intéresserai aux interdictions de jouer que l’on trouve parfois affichées dans les espaces publics. Certaines peuvent évidemment être justifiées par des considérations de sécurité ou de tranquillité du voisinage. Pour d’autres, on se demande bien de quoi il retourne ; peut-être s’agit-il de satisfaire le râleur de service qui fulmine contre « les jeunes » dans les réunions de quartier ?
A Chartres (photo du haut), nous trouvons près de la cathédrale un superbe marché couvert au sol lisse, qui se prêterait bien aux évolutions de skates, trottinettes ou rollers. Mais ces pratiques sont interdites, alors que les voitures sont autorisées – en tout cas celles qui ont accès au centre piétonnier. A Beaumont-sur-Oise (photo du bas), ce sont les jeux de ballon (et le vélo) qui sont interdits dans le parc de la mairie. Celui-ci est pourtant bien quelconque et ne semble pas particulièrement fragile ; les modestes parterres floraux doivent pouvoir résister à des incursions occasionnelles de ballons égarés. De plus il n’y a quasiment pas d’habitat en périphérie, donc le risque de gêne semble nul. Alors quel est le problème ?
Ces interdictions pourraient être mieux comprises si elles apparaissaient davantage justifiées et si des solutions alternatives étaient proposées. S’agissant des jeux de ballon informels, il existe souvent une forte demande potentielle dans les villes, mais peu de lieux capables d’y répondre : entre les jardins ornementaux, les parcs à gestion différenciée où l’herbe haute peut empêcher les jeux, les terrains de sports à horaires d’ouverture et à accès réservé, ou encore les voies vertes linéaires n’offrant pas de réelles surfaces, les opportunités peuvent être rares. Finalement, ce sont bien souvent les espaces verts de lotissements qui répondent tant bien que mal à ce besoin, en dépit des risques de frictions avec les riverains et avant que de nouvelles interdictions n’apparaissent.