Les fumeurs rendent de grands services à la collectivité : ils alimentent généreusement les caisses de l’État, et tendent à profiter moins que les autres de leur retraite pour laquelle ils ont cotisé, ce qui n’est pas perdu pour tout le monde. On sait moins qu’ils peuvent nous renseigner utilement sur l’usage de certains espaces, grâce à leur propension à abandonner leurs mégots par terre, ce qui fournit au sociotopologue de précieux indices de fréquentation.
Cet après-midi, dans un carrefour urbain, je tombe sur le curieux muret illustré ci-dessus, dont à première vue je ne comprends pas la raison d’être. Il émerge d’un carré d’herbe complètement râpé, qui sort en très mauvais état d’un été aride et de la saison touristique, car nous sommes ici dans une station balnéaire. Examinant les abords avec une admirable conscience professionnelle, j’y dénombre 146 mégots et je découvre ainsi qu’il s’agit d’un micro-sociotope de première importance, ou au moins un lieu asseyable très fréquenté, peut-être lié à sa situation stratégique, à la fois près d’un arrêt de bus et dans un carrefour menant à la plage, qui n’est qu’à 250 m. Qu’aurais-je appris si les fumeurs étaient des gens propres, ou si le monde n’était fait que de non-fumeurs, je vous le demande ?
Voir aussi dans ce blog : Les sociotopes révélés par les traces ; Traces et indices.