Dans le prolongement de l’ « atelier Perec », du Place Game et du projet d’aménagement, l’association Départ imminent pour l’hôtel de la Gare vient de disposer du mobilier de récupération dans le square de la gare d’Hennebont, à titre expérimental.
Samedi dernier, 30 juillet, nous plaçons une grande table de jardin en plastique, une petite table ronde et huit chaises, plus une bobine de câble en bois que j’ai subtilisée dans la benne à déchets d’une entreprise. Nous posons la bobine face à l’unique banc du square, que nous avions d’ailleurs retourné nous-mêmes depuis son installation par la Ville, et nous recherchons les meilleures implantations possibles pour le mobilier de jardin – à l’ombre, et avec la meilleure visibilité. Nous peignons sur tous ces éléments des messages indiquant qu’ils sont la propriété de l’association mais que chacun y est le bienvenu. Et comme nous avons trouvé dans la cave de l’hôtel de mignonnes petites maisons en céramique, nous en plaçons quelques-unes sur le mobilier, histoire d’attirer davantage les gens et de voir combien de temps elles vont rester en place, car nous sommes un peu des Bisounours mais pas complètement naïfs quand même.
Le matériel est à peine installé que des gens viennent déjà s’y poser. Puis un train arrive, les voyageurs descendent, un homme s’installe sur la grande table en cours de peinture pour y prendre son pique-nique, tandis qu’à côté, un jeune couple s’assoit sur le banc en posant les pieds sur la bobine ; ils attendent un chauffeur. Une famille arrive ensuite, tout le monde entoure le grand cèdre en se tenant par la main. C’est déjà gagné : l’offre d’équipements crée la demande, ou plus exactement révèle un besoin jusque là non satisfait. Reste à espérer que ce mobilier ne se volatilise pas trop vite. J’aurais bien mis une puce GPS dans une des tables, par curiosité de suivre ses pérégrinations et son point de chute, mais c’est un peu cher pour ce genre de satisfaction perverse.
Au soir du troisième jour, tout est encore en place, même les petites maisons. Au gré des arrivées de trains, des gens viennent voir, certains tournent autour et flairent avec circonspection, d’autres prennent leurs aises dans les fauteuils, cassant éventuellement une croûte. La poubelle, qui vient d’être vidée, suggère que la fréquentation du lieu explose ces derniers jours. Et Ludovic, qui passe souvent sur le chantier de l’hôtel, m’alimente en photos de gens occupant les lieux.
Et après ? Même si on nous fauche tables et chaises, nous aurons révélé le potentiel de ce jardin. Restera à solliciter la Ville pour installer du matériel plus durable – un autre banc, si possible non scellé pour rester déplaçable, et surtout des tables de pique-nique : nous en connaissons qui se morfondent ailleurs dans la commune et qui seraient bien mieux ici. Nous ferons des propositions en ce sens à la Ville, et bien sûr je vous raconterai la suite.