Quand les toilettes animent l’espace public

Devant les toilettes de Carcassonne.

Nous avons vu à plusieurs reprises, et en particulier ici, que la présence de toilettes est un facteur important d’attractivité des espaces extérieurs. Mais je ne m’étais pas rendu compte à quel point les toilettes pouvaient contribuer à animer les espaces environnants. Cette idée me vient dans la cité fortifiée de Carcassonne, en observant les allées et venues des touristes aux abords des toilettes publiques, lesquelles sont placées au bord d’un espace vert bien doté en ombre et surtout en lieux asseyables de diverses natures, avec en particulier un important linéaire de murets. Ces toilettes sont pour beaucoup de monde un point de passage quasi obligé, à moins d’aller consommer dans un café, et le jardin à côté devient de ce fait un lieu d’attente (on imagine qu’en période de pointe, il doit y avoir la queue par moments) ainsi qu’un point de rendez-vous : « Je vais aux toilettes, tu m’attends là ? ». Il y a donc de la rotation, mais la « pause confort », comme on dit aimablement chez les voyagistes, est aussi mise à profit pour souffler un peu à l’ombre, et éventuellement aussi pour aller consommer chez le glacier – salon de thé, stratégiquement implanté juste à côté des toilettes. Sachant que le thé est censé avoir des effets diurétiques, on pourrait voir comme un « effet de synergie » entre ces deux établissements. Quoi qu’il en soit, la présence de toilettes publiques dans un site très fréquenté participe à activer l’espace et peut profiter aux activités marchandes dans les alentours, pour autant que les conditions d’attente soient agréables – et c’est bien le cas ici.

Dans un village de l’Hérault, 2008

Puisqu’il est question de toilettes, j’en profite pour délivrer un message d’espoir : dans ce pays où « c’était mieux avant », il y a au moins quelque chose qui s’améliore au fil du temps, c’est l’état des toilettes publiques. On est agréablement étonné de trouver de plus en plus souvent, jusque dans les plus petits villages, des toilettes propres, avec un lavabo et même, luxe suprême inconcevable il y a peu, du papier. Le folklore national y perd sûrement : quiconque s’est tordu de rire en lisant, dans « Une année en Provence » de Peter Mayle, les démêlés d’un Britannique avec d’indomptables toilettes à la turque, pourra regretter cet affadissement des conditions d’accueil ; mais c’est sans doute le prix à payer pour nous rapprocher des nations dites civilisées.

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