Quand les murs nous parlent

En me baladant récemment dans les rues de Narbonne, je tombe sur la fresque ci-contre, qui propose aux passants le texte d’une chanson de Charles Trenet, un enfant du pays. Je reste un moment la regarder, parce que cet hommage à un chanteur que j’aime bien me touche, et aussi parce que j’essaie de m’en remémorer l’air, qui n’est pas si facile à retenir. Dans la foulée, je me dis que j’ai honteusement ignoré dans ce blog le rôle essentiel des murs dans l’attrait des espaces publics, même si j’y ai fait allusion ici à propos d’une place de Bayonne (pour ses fresques politiques) et déploré à diverses reprises les façades aveugles, vides et plus largement « inactives ». Beaucoup de collectivités, d’associations ou même d’individus (je pense par exemple aux pochoirs de la regrettée Miss Tic, bien connue des Parisiens) déploient des efforts méritoires pour donner vie aux murs de nos villes par des initiatives artistiques. Mais la chanson de Trenet m’amène à m’interroger sur l’adéquation entre la fresque et le lieu où elle se trouve, qui fait que certaines œuvres nous parlent alors que d’autres ne nous disent rien.

Dans le cas de Narbonne, l’adéquation est parfaite puisque Trenet a vécu à quelques rues de là. Idem à Bayonne, où les fresques sont enracinées dans l’histoire du lieu et parlent ainsi à chacun, que l’on épouse ou non la cause ainsi illustrée. Mais il me revient l’image de cette fresque (image ci-contre) vue l’an dernier dans une rue de Civray, une petite ville de la Vienne. Située entre une superbe église romane et l’entrée du parc François Mitterrand, qui borde une Charente paresseuse à l’amont de l’hôtel du Commerce, elle a été peinte à l’initiative, ai-je cru comprendre, de l’association des commerçants. Ceux-ci ont dû se dire qu’il fallait faire quelque chose pour secouer ce patelin un peu léthargique, et pour le coup c’est assez réussi, car quand vous sortez le matin dudit hôtel et prenez la chose dans la figure, ça réveille. Mais au-delà de cet aspect provocant, qu’est-ce que cette fresque a à nous dire sur le lieu, quelles émotions a-t-elle à nous transmettre ? A mon avis, rien du tout, c’est juste un coup de com’ destiné à épater le bourgeois. Fallait-il laisser le mur blanc, y peindre autre chose ? A chacun de se faire son idée, en tout cas cet exemple illustre nos interrogations sur la notion de « sens du lieu ».

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