Le mouvement du Placemaking s’implante lentement mais sûrement en Europe (en 2014 je l’avais signalé à l’œuvre en Belgique), de sorte que pour se former à ses méthodes, il n’est plus nécessaire de traverser l’Atlantique. Project for Public Spaces avait déjà organisé des formations en Irlande, et voici que Placemaking Europe (site internet ici, auquel mon antivirus ne m’a toutefois pas permis d’accéder) organise en septembre une « semaine du Placemaking » (tous les détails ici) qui aura lieu dans la ville espagnole de Pontevedra. Cette localité n’a pas été choisie au hasard, car elle est aujourd’hui connue dans le monde entier pour son action spectaculaire de récupération de ses espaces publics, voirie comprise, en faveur des piétons.
Je m’interroge cependant un peu quant au côté « Placemaking » des actions réalisées à Pontevedra, car pour autant que je sache, notamment au vu des propos du maire de la ville, si celle-ci a une leçon à nous donner, c’est avant tout quant à la volonté et au courage politique. Il est certes probable que des projets portés par les habitants aient éclos au fil des ans (la piétonnisation a été engagée en 1999), mais c’est à un maire visionnaire et déterminé (donc à une « approche descendante » de l’aménagement) que l’on doit l’enclenchement du processus puis son aboutissement malgré des oppositions locales. S’il avait fallu attendre que des initiatives citoyennes se mettent spontanément en place, on n’en serait probablement pas là aujourd’hui. A mon sens, on ne peut pas demander au Placemaking de suppléer à une volonté politique défaillante, mais cette approche a tout son sens en complément d’actions structurantes que seule une collectivité est capable d’engager – et c’est sans doute dans cette perspective que le Placemaking a de l’avenir en Europe. Accessoirement, le cas de Pontevedra soulève l’intéressante question de savoir si l’honneur de l’élu local est d’être à la remorque d’une opinion locale qui n’aime pas changer ses habitudes, ou au contraire de chercher à faire le bonheur de ses concitoyens en leur bottant un peu les fesses si nécessaire. Il paraît que cette dernière façon de voir nous mène tout droit à 1793 ou au goulag, mais on ne m’enlèvera pas de l’idée qu’elle peut donner d’heureux résultats, et j’aimerais bien penser que ce sujet sera au moins effleuré durant la « semaine du Placemaking ».