Au lendemain de l’élection de Donald Trump, les responsables de grandes associations américaines de défense de l’espace public, dont Project for Public Spaces, avaient rédigé un plaidoyer commun en faveur de la préservation de places publiques permettant les regroupements et manifestations de citoyens, en rappelant que « l’espace public est un pré-requis pour la démocratie ». Fred Kent, le président de PPS, avait souligné que le Placemaking n’est pas qu’une affaire de loisirs et de flânerie le nez au vent, mais qu’ « il s’agit de créer des communautés capables de s’auto-organiser, c’est à dire de conduire leur destin, d’exprimer la révolte, la solidarité ou la célébration, d’échanger et de développer des idées neuves ». Il attirait aussi l’attention sur le fait que certains aménagements de places rendent celles-ci impropres aux manifestations publiques : le « paysagement » qui encombre ou compartimente l’espace, la « déminéralisation » ou le « verdissement » au nom de louables objectifs écologiques peuvent empêcher les grands rassemblements, quitte à les déplacer vers des lieux a priori « pas faits pour », sachant que « l’espace public n’est pas là où la puissance publique veut qu’il soit, mais là où le public le requiert ».
A moins que le quinquennat qui débute aujourd’hui ne soit marqué par la paix sociale et l’harmonie universelle, nous connaîtrons sûrement encore de ces « jours de colère qui font sortir le populaire » et il sera intéressant de voir si les manifestations réinvestissent de préférence des lieux « pas faits pour » tels que des ronds-points, ou des espaces urbains centraux – typiquement, à Paris, le « triangle d’or des manifs » Bastille – République – Nation -, tant que ces grandes places restent suffisamment dégagées et polyvalentes pour convenir à des rassemblements de masse.