Nous avons souvent vu ici que parmi les principales raisons à la sous-fréquentation de certains espaces verts figure la difficulté de traversée de certaines voies, notamment pour des populations spécifiques (enfants, personnes âgées, personnes atteinte d’un handicap…). Il existe sans doute différentes façons d’identifier ces voies aux caractéristiques dissuasives. Parmi elles, l’intensité du trafic en véhicules/jour est une donnée qui pourrait être mise en œuvre, mais qui n’apporte pas grand-chose d’utile car elle ne dit rien sur les caractéristiques de la voie, ni sur les conditions de traversée par les différents types d’usagers.
Continuant à travailler sur l’exemple de la ville de Turnhout (Belgique), j’ai découvert qu’en Belgique et aux Pays-Bas les autorités mettent en œuvre une autre approche nettement plus précise qui intègre à la fois l’intensité du trafic, la largeur de la voie, le temps de traversée et le temps d’attente probable pour pouvoir traverser. Après avoir passé pas mal d’heures à essayer de comprendre le graphique trouvé sur un document de la ville de Turnhout, à rechercher des documents complémentaires et à les interpréter, sachant que le néerlandais et surtout les maths ne sont pas mon fort, je pense être maintenant à peu près capable d’expliquer de quoi il s’agit ; il vous suffit (j’espère !) de consulter le document ci-dessus. Les courbes indiquent le temps d’attente probable (suivant la loi de Poisson) selon l’intensité d’un trafic de type continu (donc hors régulation par des feux) et le temps requis pour traverser en une seule fois.
Un des intérêts de ce document est de rappeler que les conditions de traversée ne sont pas les mêmes pour des adultes valides et pour des enfants auxquels on donne pour consigne, lorsqu’ils sont seuls, de « ne traverser que s’il n’y a pas de voiture en vue ». Dans ces conditions, pour un temps d’attente de 5 secondes, il leur est difficile de traverser s’il y a plus de 200 véhicules / heure et que cela devient quasi impossible au-delà de 400 (plus de 30 secondes d’attente). Le graphique ci-dessus ne fonctionne donc pas pour eux de la même manière que pour les adultes.
On doit bien entendu tenir compte de la présence de passages pour piétons (car dans un monde parfait, les voitures s’arrêtent pour laisser le passage) ou d’une régulation du trafic par des feux. Il n’en reste pas moins que le document ci-dessus peut être très utile et j’essaierai, pour ma part, de le tester à la première occasion. Je rappelle qu’aujourd’hui, beaucoup de communes disposent de radars dits « pédagogiques » dont certains modèles sont capables d’enregistrer les flux et les vitesses des véhicules et peuvent donc être utilisés à des fins d’études.
Le prochain article, à partir de la même source, abordera les conditions de trafic permettant à des enfants de jouer dans la rue.