Lisant en ce moment un livre sur la ville indienne de Chandigarh (un sujet dont nous aurons à reparler), j’y trouve le dessin ci-contre, produit en 1947 par les architectes anglais Maxwell Frey et Jane Drew, qui travaillèrent sur Chandigarh aux côtés de Le Corbusier, Jeanneret et d’autres. Il n’a rien à voir avec cette ville, il présente seulement une conception d’ « unité villageoise » (The Village unit) publiée dans leur ouvrage Village Housing in the Tropics.
La date a son importance : en 1947, on planifie déjà pour la voiture, les aires de jeux pour enfants (en bleu sur le plan) sont des espaces spécifiques placés plutôt sur les marges du projet et surtout, elles sont entourées de voiries, comme d’ailleurs tous les espaces gardés verts au sein de l’urbanisation. Sur les voies, les concepteurs n’ont pas été chiches : au nord-ouest deux voies au lieu de trois auraient pu suffire, et toutes les maisons auraient été de plain-pied avec la verdure. Idem au sud-est, où une seule voie suffisait pour desservir tout le monde. Vu le niveau de trafic dans ce futur village à l’écart de la route principale, les traversées de rues n’auraient pas forcément été problématiques, il n’empêche qu’on a là un modèle aujourd’hui répliqué à l’infini dans nos lotissements.
Mais les temps changent. Dans l’image ci-contre, extraite d’un remarquable document sur la place des enfants dans la ville de Turnhout (Belgique), on voit comment « créer une oasis pour les jeux » en passant « de l’aire de jeux isolée à un espace à vivre pour petits et grands ». Grâce à des coupures de voies, les habitations ont un accès direct à un espace de vie sociale, et cette disposition a été mise en œuvre dans un quartier de Tunrhout que je vous présenterai prochainement. D’ici là, je vous propose de vous livrer à un petit exercice : redessiner le plan de Frey et Drew pour réduire le linéaire de voies tout en mettant le maximum de maisons en contact direct avec les espaces verts. Et éventuellement, placer les aires de jeux dans un lieu plus central (en virant le terrain de foot ?), ou même les supprimer par des espaces plus polyvalents, sans fonctions pré-assignées. Après « La bio, je peux ! », place à « L’urbanisme, je peux » !