Nous avons vu ici à plusieurs reprises que le calcul de l’offre d’espaces verts par habitant est une chose bien compliquée, ce qui n’empêche pas ce sujet d’être au cœur de la « communication territoriale », surtout de la part des villes qui s’estiment bien dotées en la matière. Les modes de calcul sont parfois opaques et rarement normalisés, d’où il résulte de curieux décalages, parfois pour une même ville. C’est ainsi que le palmarès 2020 des « villes les plus vertes » donne Angers gagnante avec 100 m² d’espaces verts par habitant, alors que le site www.angers-pratique.fr donne le chiffre de 40 m². Au regard de la moyenne nationale de 51 m² par habitant (source : Observatoire des villes vertes, palmarès 2020), ce n’est pas du tout la même chose.

Voyons comment le sujet se présente pour cette ville bretonne de 57 000 habitants, sur laquelle je dispose de données toutes fraîches et relativement complètes. Les « espaces de nature » de plus de 500 m² y couvrent 279 ha (carte ci-contre), ce qui nous donne 49 m² par habitant, une valeur quasi égale à la moyenne nationale. Mais dans ce total on trouve 25 ha de terres agricoles pour la plupart cultivées en intensif, 15 ha de friches, 11 ha de cimetières très minéralisés, 29 ha d’accompagnement des voies (y compris des broussailles et fourrés le long des voies ferrées, des bouts d’espaces plus ou moins verdâtres accompagnant des équipements publics…) et tout cela peut difficilement être considéré comme faisant partie de l’offre d’espaces verts.
Une autre façon de faire le calcul serait de partir des 76 ha de parcs et squares, d’y ajouter les 3 ha de jardins familiaux, les 44 ha d’espaces naturels (pas forcément accessibles au public), les 14 ha de terrains de sports si on n’est pas trop regardant sur leur caractère « vert », et en étant généreux on peut aussi y ajouter 20 ha de pieds d’immeubles collectifs et 11 ha d’accompagnement d’équipements publics, même si là encore, on peut parfois avoir des doutes sur leur valeur réelle. On arrive alors à 168 ha soit 29 m² par habitant. Et si on se base uniquement sur les parcs, les squares et les jardins familiaux, le ratio par habitant tombe à 14 m².
La communication territoriale préférera peut-être retenir le chiffre de 49 m² par habitant, même s’il n’est pas particulièrement glorieux – mais il faut dire aussi que ce genre de moyenne est affecté par la superficie communale : plus une commune urbaine est vaste, plus elle est susceptible d’incorporer des espaces de nature sur ses franges, alors que les communes de faible superficie ont des chances d’être remplies par l’urbanisation. Angers couvre 4270 ha contre 1750 pour la commune prise en exemple, ce qui change nettement la donne ; et cela n’a pas forcément de rapport avec les politiques locales en faveur des espaces verts.
Lire également ici dans ce blog, à propos de palmarès des « villes les plus vertes ». Et ici à propos de la difficulté de définir les espaces verts et de comparer leur statut d’un territoire à l’autre, ou d’une étude à l’autre.