Depuis plusieurs mois, je suis impliqué dans un projet visant entre autres la réanimation d’une place de bourg breton, actuellement utilisée comme giratoire et comme parking (voir l’article initial ici) et me voici confronté à des questions de méthode, car lorsqu’on ne fait pas partie de ces cracks de l’urbanisme ou du paysage qui à peine arrivés savent déjà ce qu’il faut faire, on a intérêt à avancer avec de la méthode et de solides arguments.
La question de la « vision pour le lieu » est maintenant réglée (lire ici). Les attentes des habitants sont très claires, et les élus leur ont emboîté le pas : la place doit être accueillante aux piétons et se prêter à recevoir des activités variées. Reste maintenant à savoir quoi faire de la voiture. Là-dessus, je me suis souvenu d’un bon slogan dont je ne sais plus s’il est de Jan Gehl, Enrique Peñalosa (ancien maire de Bogota) ou de quelqu’un d’autre : « If you plan for cars, you will get more cars. If you plan for people, you will get more people ». Il y a là un enseignement quant à la méthode à suivre : si on commence par réserver l’espace des voitures, on n’arrivera jamais à rien, tandis que si on commence par réserver l’espace des piétons, on arrivera bien à trouver une solution pour les voitures, et cette inversion des perspectives change tout.
Dans le cas de ce bourg, j’entreprends donc d’utiliser l’excellent outil Streetmix (déjà présenté ici et figurant dans notre boîte à outils) pour redéfinir et faire voir aux élus la place des piétons et des vélos dans les deux principales rues débouchant sur la place. Chacun constate qu’il y a moyen de créer une belle voie verte tout du long et que tant qu’à faire, elle peut devenir un élément structurant de la place puisque celle-ci a vocation à en relier les deux segments. Quant au stationnement des voitures, on peut le caser dans un terrain public à 80 m de la place et cette fois, celle-ci sera vraiment pour les gens. Mes collègues ont d’ailleurs eu la bonne idée de dessiner des gens sur la vue 3D ci-dessus, et ce petit détail de dessin change aussi pas mal de choses. Il reste encore beaucoup de points à définir mais l’essentiel est en place.
La suite au prochain numéro, pour savoir si le projet progresse ou bien s’il déraille…