Enquêtant récemment auprès des usagers des espaces verts dans une petite ville bretonne, je tombe sur une dame qui est en train de lire sur un banc dans le parc public de la commune, et qui me dit être venue jusqu’ici en voiture parce qu’il n’existe aucun espace vert dans son quartier tout neuf, ni d’ailleurs dans cette partie est de la ville qui se situe à 1,5 km du parc. Voilà qui m’intéresse, et le lendemain je vais faire un tour dans le quartier en question pour constater que dans ce secteur qui doit accueillir une centaine de maisons, il a tout de même été réservé un rectangle de prairie de 3300 m², mais que celui-ci donne sur une route très passante en entrée de ville près du centre commercial et que l’endroit manque d’attrait – ce n’est pas le genre de coin pour lire tranquillement.
Je consulte ensuite le PLU, dont le règlement prévoit, pour le secteur en question, que « les espaces libres de toute construction ou de stationnement seront aménagés en espaces paysagers adaptés à l’environnement ». Notons qu’il n’est pas imposé de pourcentage d’espaces verts, ni de réaliser ceux-ci d’un seul tenant, et qu’il est question d’ « espaces paysagers », une notion moins explicite que les « espaces communs récréatifs » qu’on trouvait couramment dans les « POS DDE » des années 1970. Les orientations d’aménagement du secteur contiennent-elles des dispositions plus intéressantes ? Oui, car outre la préservation de la susdite prairie, il est demandé la création d’un « espace vert ou de loisirs » périphérique ; mais sur le terrain, on s’aperçoit que celui-ci s’est trouvé sérieusement amputé, et au passage, qu’une voie verte prévue pour traverser le quartier est devenue une rue à voitures – mais ce ne sont que des orientations non prescriptives, que les aménageurs peuvent « interpréter ».
Tant que j’y suis, je consulte aussi les documents du PLU en cours de révision, pour voir comment l’offre d’espaces verts y est traitée. Et dans les 131 pages du diagnostic, le thème des espaces verts n’apparaît qu’une fois, pour rappeler que les habitants ont de la chance d’avoir un beau parc à leur disposition. Pas le moindre inventaire de l’offre, pas la moindre analyse de l’adéquation entre l’offre et l’urbanisation actuelle et future, aucune donnée sur les temps de marche pour accéder au parc… ce qui aurait tout de même été intéressant dans une commune en forte croissance démographique. La carte ci-dessus, générée en quelques secondes par Open Route Service, montre les parties de la ville à moins de 15 mn à pied de l’entrée principale du parc, et on devine que les quartiers est en sont à l’écart. Ce n’est quand même pas bien compliqué…
Voilà qui nous rappelle que beaucoup de PLU ne traitent que de thèmes obligatoires, et que la desserte en espaces verts n’en fait pas partie. Mais rien n’interdit non plus aux élus ou à leurs bureaux d’études de s’y intéresser, pour autant qu’ils en voient l’utilité pour le bien-être des habitants. Nous verrons d’ailleurs bientôt un exemple en ce sens, fourni par un PLU intercommunal en région parisienne.
Voir aussi dans ce blog : Sociotopes et Plan local d’urbanisme.