Dans les espaces ouverts, la question du confort thermique peut se poser par tout temps, mais si on veut l’étudier sur le terrain, mieux vaut opérer au soleil que par temps pluvieux ou froid quand personne n’a envie de mettre le nez dehors, sauf à tomber sur un de ces « pièges à soleil » récemment évoqués ici. C’est ainsi qu’il y a quelques jours, je me retrouve à étudier les sociotopes d’une commune d’Ille-et-Vilaine sous un beau soleil, mais pas de chance, la température grimpe à 35° à l’ombre, et le parc urbain qui devrait être bondé est quasiment vide.
Dans ces conditions ingrates, j’arrive quand même à faire 17 entretiens impliquant 37 personnes, et la question du confort thermique arrive spontanément dans les propos. Une dame, qui vient ici à 2 km de chez elle pour lire en plein-air parce qu’elle n’a aucun espace vert dans son quartier, regrette de n’avoir pu trouver dans ce parc de 16 ha qu’un seul banc à la fois ombragé et doté d’un dossier. D’autres personnes me signalent que le coin grillades est inutilisé parce que placé en plein soleil sans aucun abri, d’autres que les chaises longues (photo ci-dessus) sont trop exposées elles aussi, et effectivement je n’y verrai personne en deux jours. Idem pour des jeux pour enfants sans aucune ombre et dont les éléments métalliques sont brûlants. Finalement, il apparaît que le meilleur coin du parc est une table avec bancs placée sous un grand saule, qui semble être monopolisée par les ados et fera l’objet d’un prochain article. Et, passant deux jours sur place, je m’aperçois que le pic de fréquentation a lieu en soirée, des familles continuant d’arriver après 20 h 30 pour profiter d’une relative fraîcheur – ce n’est pas tellement dans les mœurs locales, mais il faut bien s’adapter.
L’inconfort climatique est donc l’obstacle majeur à une meilleure utilisation de ce parc, par ailleurs bien équipé et riche en valeurs de sociotope. On pourra évidemment m’objecter « N’exagérons rien, on est quand même en Bretagne ! », ce à quoi je répondrai d’une part qu’on n’a sans doute pas fini d’entendre parler des canicules, même en Bretagne, et d’autre part que lorsqu’il se trouve à la fois plein d’arbres et plein de bancs dans un parc, il est dommage que nul ne se soucie de favoriser leur rapprochement – par exemple en plaçant des bancs à l’ombre des arbres, ou en plantant des arbres de manière à ombrager des bancs, en s’aidant éventuellement d’une boussole. Tant qu’à planter des arbres, il vaudrait mieux qu’ils profitent aux humains et que ceux-ci leur prodiguent leur reconnaissance en retour, plutôt que d’avoir pour principale fonction de meubler l’espace, ce qui semble être le cas ici.
Voir aussi dans ce blog : De l’importance du soleil