Dans la France des sociotopes, tout n’est pas forcément aussi rose qu’à Entraygues-sur-Truyère (voir article précédent), et il ne manque pas d’aménagements suffisamment calamiteux pour retenir notre attention. C’est ainsi le cas dans la ville de Mauriac (Cantal, 3600 habitants), qui offre en la matière un choix assez remarquable entre l’esplanade du collège, les places encombrées de voitures et le tristounet square d’Ingersheim. Voyons cela de plus près.
Bordant une des principales entrées de ville, l’esplanade devant le collège pourrait être un lieu accueillant pour tous – les collégiens, leurs parents et les visiteurs ; elle se réduit en fait à une nappe de bitume, dominée par la masse grisâtre-marronasse du collège et dont la seule portion non utilisée comme parking est fermée par de mystérieuses barrières métalliques. Les seules aménités, si l’on peut dire, se réduisent à un arrêt de cars avec un banc capable d’accueillir cinq collégiens en tassant bien, et à des toilettes publiques pas spécialement avenantes, mais ornées d’un panneau informant que le secteur est placé sous vidéo-surveillance. Les seuls indices de vie en ces lieux austères, où sans doute rien ne doit détourner les élèves de l’Étude et du Labeur, sont les graffitis qui recouvrent l’arrêt de cars, où les déclarations d’amour, les grands cœurs et les grosses quéquettes apportent un peu d’humanité au milieu de la grisaille.
En ville, où l’on vérifie une fois de plus le principe du « no parking, no business » – des voitures omniprésentes, des trottoirs ridicules et des quantités de magasins fermés -, on admire en particulier la place de l’Hôtel de Ville, avec son monument aux morts émergeant d’une nappe d’enrobé. Aucun lieu pour s’asseoir, mais quelques tables de cafés qui disputent âprement la place aux voitures.
Un peu à l’écart du centre, le petit square d’Ingersheim occupe une corniche qui offre une jolie vue sur la campagne auvergnate ; mais il est encombré de buissons bizarres qui rendent le lieu peu lisible, les trois malheureux bancs sont tournés vers la rue/route départementale qui le traverse au lieu d’être dirigés vers la vue, on y trouve également un lavoir à l’abandon adorné de conteneurs à ordures… mais une cigogne en bois étrangement juchée sur un poteau (un cadeau de la commune jumelée ?) apporte tout de même une petite note de fantaisie dans cet ensemble déprimant, qui pourrait faire bien mieux à peu de frais.
Déplorant l’état des espaces publics de sa ville, une commerçante espère que la nouvelle municipalité – succédant à un maire en place depuis 19 ans – pourra améliorer les choses. Il y a du travail… mais pas forcément de gros moyens à mettre en œuvre, surtout avec des solutions dans un esprit « lighter/quicker/cheaper ».