La question des modes de calcul de l’offre d’espaces verts a été abordée à plusieurs reprises dans ce blog (voir notamment ici). La voici à nouveau posée car plusieurs médias (par exemple Ouest-France d’aujourd’hui) ont fait état ces derniers jours d’un classement des « dix villes les plus vertes de France » réalisé par Holidu, « moteur de recherche de locations de vacances », en se fondant « sur la base de données Open Street Map ». Les ratios en mètres carrés de parcs sont donnés pour dix habitants, et la ville de plus de 100 000 habitants considérée comme « la plus verte » est Dijon avec 3,93 m² tandis que le bas du classement est occupé par Amiens, avec 2,35 m². En 4è position apparaît Brest, avec 2,94 m².
Réfléchissons un instant à partir du cas de Dijon. 3,93 m² pour 10 habitants, cela donne 0,39 m² par habitant, n’est-ce pas ? Si on multiplie par le nombre d’habitants de la commune (157 000), on arrive à la superficie faramineuse de 6,2 ha de parcs. Sachant que le Jardin des Plantes fait 5,5 ha à lui seul, que le parc des Carrières Bacquin fait 4,8 ha, qu’il y a un parc d’1,8 ha près de la gare, on arrive déjà à 12 ha sur seulement trois sites. N’y aurait-il pas comme une sous-estimation ? Ce chiffre record de 0,39 m² par habitant peut aussi être rapproché de la valeur minimale recommandée par l’OMS, qui est de 10 m² par habitant… on en est loin !
Dans une étude manifestement plus sérieuse, publiée dans un article de blog hébergé par Le Monde, on trouve un tout autre palmarès des « villes les plus vertes de France », avec en première position Angers, avec 95 m² d’espaces verts accessibles au public par habitant, et en sixième position Brest, avec cette fois 73 m² par habitant – et non plus 0,29 m² ! Ceci me suggère donc les commentaires suivants :
– On serait curieux de savoir quelle méthode Holidu a utilisée pour obtenir ses résultats – je n’ai d’ailleurs trouvé aucune information à ce sujet sur leur site. Soit le problème vient d’Open Street Map, soit les données d’OSM ont été traitées par des amateurs.
– Il est sidérant que les médias nationaux qui ont répercuté cette « information » ces jours-ci aient pris la chose pour argent comptant sans le moindre esprit critique.
On voit donc, à partir de cet exemple, que les nombreux palmarès dont on nous abreuve sur « la ville la plus ceci… » méritent d’être pris avec des pincettes quand on en ignore les outils méthodologiques. Il confirme aussi qu’il convient d’être particulièrement regardant sur cette question de l’offre d’espaces verts par habitant, qui peut être un excellent thème de communication politique.
Illustration : Ouest-France, 24 juin 2020