Accès du public à la nature et perturbation de l’avifaune

Le 16 février [2011] avait lieu à Vannes une conférence du géographe Nicolas Le Corre, enseignant à l’Université de Bretagne Occidentale, sur le thème « Des oiseaux et des hommes : concilier protection et activités humaines sur les côtes bretonnes ». Il s’agit là d’un sujet qui concerne les amateurs de sociotopes, puisque la tranquillité de la faune sauvage est souvent opposée à l’ouverture des espaces naturels au public, et que la trame verte et bleue « Grenelle 2 » établit une hiérarchie entre ces deux objectifs.

Je n’ai pas pu me rendre à cette conférence, en revanche j’ai trouvé des informations sur les recherches conduites par Nicolas Le Corre et notamment une publication intitulée « Le dérangement de l’avifaune : état des lieux d’une problématique devenue incontournable sur les espaces naturels protégés de Bretagne ». Il n’est pas dans mon propos d’en rendre compte ici, je voudrais seulement signaler le fait que l’auteur insiste sur « La nécessité de recentrer davantage la recherche sur l’étude de l’homme » : il constate en effet que « la grande majorité des études, et par conséquent l’essentiel des protocoles et des méthodes d’étude (…), émanent de la biologie » et que sur les 272 articles recensés, aucun n’émane d’un laboratoire de sciences humaines. « Il apparaît également que, contrairement à ce que l’on pourrait penser, la connaissance que les biologistes ont des oiseaux étudiés est souvent plus précise que la connaissance qu’ils ont des activités humaines elles-mêmes ». Selon Nicolas Le Corre, « la recherche sur le dérangement de l’avifaune pourrait progresser et s’enrichir de façon considérable si elle parvenait à s’ouvrir aux sciences humaines. Inversement, le constat est identique : il est clair que si les sciences humaines, particulièrement la géographie, savent notamment appréhender les mécanismes de la fréquentation humaine des sites naturels, elles n’ont pas su jusqu’à présent s’approprier cette thématique nouvelle du dérangement de l’avifaune. (…) Comment peut-on étudier finement les interactions hommes / oiseaux si l’on n’étudie pas les variations spatiales et temporelles des activités humaines in situ ? Il en est de même pour l’étude comportementale des visiteurs sur les sites alors que les chercheurs le font très bien pour les oiseaux. Enfin, l’étude de la perception qu’ont les usagers de leur environnement (perception de leurs propres impacts sur les oiseaux, perception de la réglementation d’un site) ne semble pas non plus inintéressante dans une perspective de sensibilisation du public à cette problématique ».

On entrevoit ici une utilité de la méthode des sociotopes : elle est à même de fournir les éléments d’une connaissance objective sur l’usage des espaces naturels par le public, et permet aux sciences humaines d’intervenir aux côtés des sciences de l’environnement dans la prise de décisions sur la gestion des espaces naturels. Le parallélisme sémantique entre « sociotope » et « biotope » peut trouver ici des applications concrètes. On pourrait ainsi proposer à des responsables d’espaces naturels protégés de mettre en œuvre la méthode des sociotopes dans le cadre de l’élaboration d’un plan de gestion.

Date de l’article d’origine : 17 février 2011

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