Face à la gare d’Hennebont (17 000 habitants, Morbihan) se dresse un ancien hôtel-café-restaurant, fermé depuis 2014 et racheté récemment par un couple d’architectes locaux (dont le bien connu « Apus », qui commente souvent les articles de ce blog). Le but de ce rachat n’est pas de spéculer sur les dispositions du nouveau PLU, qui prévoient d’urbaniser fortement ce quartier jusqu’à présent en déclin, mais de favoriser un projet participatif qui doit permettre de trouver de nouvelles vocations à cet immeuble en associant les gens du quartier à la réflexion. A terme, l’objectif de l’opération est de faire de l’ « hôtel de la Gare » un lieu d’accueil, de sociabilité et d’activités économiques dans un esprit de solidarité et de développement durable, au bénéfice de tout le quartier.
Jusqu’ici, ce projet n’intéresse pas spécialement ce blog, qui ne traite en principe que des espaces de plein-air. Mais là où il se met à nous concerner, c’est dans le fait que juste en face de l’hôtel, entre celui-ci et la voie ferrée, il y a une sorte de jardin public d’environ 1400 m², quasi inutilisé mais dominé par un cèdre magnifique, et bordé de parkings. Plus largement, c’est tout l’espace entre la gare et l’hôtel qui est assez mal fichu, en particulier pour le piéton qui n’est pas spécialement incité à s’attarder – et qui a même hâte de sortir d’ici, car il n’y a pas sa place. D’où l’idée que tant qu’à monter un projet participatif sur le bâtiment lui-même, on pourrait l’étendre à tout l’espace public en vis-à-vis, de manière à ce le groupe devienne force de proposition à l’égard de la Ville, propriétaire des terrains. En débordant sur l’espace public, le projet « Hôtel de la Gare » serait plus efficace pour rendre le quartier plus accueillant et vivant.
Dans notre perspective, l’intérêt de l’opération est double : d’une part, il s’agit d’un exemple – peu répandu chez nous – de ce que les Américains appellent un projet « community driven », c’est à dire porté par une communauté d’habitants qui veulent s’impliquer dans un projet collectif. Et d’autre part, le travail sur l’espace public va faire intervenir des méthodes qui ont été présentées dans ce blog, à savoir, par exemple, l’observation du comportement et des trajectoires des usagers, ou encore un Place Game collectif. Il vous en sera rendu compte ici, de manière à ce que vous puissiez suivre l’évolution de ce projet dans son volet « espace public ».
Pour faire écho au précédent article sur « le sens du lieu », on peut ajouter que le projet vise aussi à essayer de retrouver la signification et la valeur d’usage de deux espaces contigus, l’un bâti et l’autre ouvert, en retissant des liens entre les habitants et ces lieux riches en histoire. C’est aussi là qu’intervient le talent de l’architecte, qui au lieu de commencer par tout casser peut être capable de préserver des éléments anciens témoignant de cette histoire.
Date de l’article d’origine : 7 octobre 2019