Espaces publics à Saint-étienne-de-Crossey

Saint-Étienne-de-Crossey (2500 habitants, Isère) est un de ces nombreux et malheureux bourgs français qui sont traversés par une route importante (en l’occurrence celle qui relie Valence à Chambéry) et en subissent les nuisances – tout le monde connaît ce genre d’images de rues étroites aux façades noircies et aux maisons fermées et invendables. Les seules personnes à s’en réjouir sont les commerçants, qui peuvent tirer parti des flux de voitures, et on entrevoit le problème classique des déviations de bourg. A Saint-Étienne-de-Crossey, pas de déviation, mais la municipalité a entrepris de toiletter sérieusement le bourg par des opérations de renouvellement urbain avec logements et commerces, et la création d’espaces publics plus accueillants. Découvrant les lieux ainsi métamorphosés l’été dernier, sept ans après ma dernière visite, je me livre aux observations que voici.

Du côté de la rue et route départementale bordant la nouvelle boulangerie, il a été aménagé une mini-place pavée avec une jolie fontaine (l’eau n’est pas potable, mais au moins il y a de l’eau), des bancs (sans dossier, mais au moins on peut s’asseoir). Le boulanger a sorti des tables et des chaises, il n’y a pas de limite définie entre espace public et espace à usage privé, et ce côté informel participe à rendre l’endroit accueillant, d’autant qu’un écran de plantations isole un peu la placette du trafic (photo du haut).

De l’autre côté de la rue a été aménagé un jardin public assez léché, avec un platelage en bois parsemé de fauteuils vissés au sol comme je les aime, mais – à la différence de cette place de Mende dont il fut question ici – agréablement ombragés, et non en plein soleil. On trouve aussi des jeux pour jeunes enfants, des bancs sans dossier – notamment un dont l’assise est en train d’être recouverte par de la végétation, indice que personne ne s’y asseoit -, un robinet d’eau potable… Très curieusement, tous les espaces enherbés sont entourés de ganivelles basses empêchant les enfants d’y aller, tandis qu’aucune barrière n’empêche ceux-ci d’aller sur la chaussée de la route Valence-Chambéry, comme si les herbes folles présentaient plus de risques que les voitures et les camions. Un signe des temps ? En définitive ce jardin d’aspect agréable laisse une impression mitigée, et le semis de sièges vissés au platelage selon un agencement étrange n’y est pas pour rien.

En retraversant la départementale, nous pénétrons dans le cœur de l’îlot urbain récemment créé (photo du bas). Cette opération d’habitat collectif en plein bourg et implanté en limite de rue ne manque pas d’intérêt ni de qualités,  mais la cour intérieure est un espace désertique et stérile. Nous parlions récemment d’espaces minéralisés, celui-ci l’est assurément. Il ne manque pas de potentiel, mais on imagine que les habitants n’ont pas forcément envie de le voir se transformer en un espace d’animations. Ceci pose une nouvelle fois la question de la vocation de ces pieds et cours d’immeubles, qui sont souvent des espaces perdus en termes d’usages et d’agréments.

Date de l’article d’origine : 6 décembre 2019

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