Parmi les 11 principes posés par Project for Public Spaces pour produire des espaces publics réussis, il y en a un qui s’intitule « Start with the petunias ». Il signifie que lorsqu’on n’a pas ou presque pas de moyens pour transformer un espace public terne, on peut toujours commencer à apporter des pots de fleurs, du mobilier bricolé ou autres éléments provisoires qui permettent d’enclencher un processus d’amélioration, et de le faire savoir – c’est une autre façon de présenter l’approche « lighter / quicker / cheaper » promue par PPS.
A Paris, et sans doute aussi dans d’autres villes, il y a des gens qui appliquent cette préconisation quasiment à la lettre, comme le montre cette vidéo qui semble avoir été tournée du côté de l’Hôtel de Ville. Il s’agit de « biodalisme » (un mot nouveau !), un mouvement qui consiste à végétaliser l’espace urbain par de micro-interventions. Une équipe de « dépavistes » retire les pavés déconsolidés des rues pour les remplacer par le « pavégétal », un pavé constitué de terre et d’argile pouvant accueillir une plante.On apprend que « les chantiers urbains ont pour vocation de sensibiliser les citadins aux préoccupations écologiques en leur permettant d’entretenir les plantes et les terrains eux-mêmes par un «kit à biodaliser ».
Au vu des images de la vidéo, ce genre d’opération a au moins le mérite de faire s’arrêter et causer les gens intrigués par initiatives. Au-delà de ces « coups » ponctuels qui pourraient passer pour des blagues de potaches ou des happenings artistiques, il reste à savoir si ces opérations ont réellement des chances de transformer durablement les espaces publics pour les rendre plus accueillants. L’idée que la verdure serait mieux que le pavé est sûrement digne d’intérêt, mais elle repose sur un postulat esthétique voire idéologique discutable et certainement pas valable n’importe où. Pour transformer les espaces publics, il faut travailler, c’est à dire observer, dialoguer, concevoir, expérimenter, modifier… et c’est un peu plus difficile que des opérations nocturnes menées par de sympathiques activistes urbains très sûrs de leur bon droit.
Photo extraite de la vidéo. Date de l’article d’origine : 27 novembre 2019.