Sociotopes en milieu boisé

La recherche des sociotopes par des indices de présence ancienne est un sujet qui a souvent été abordé ici. Ces indices ne sont pas toujours simples à interpréter : on voit bien qu’il s’est passé quelque chose, mais quoi ?

Recherchant la semaine dernière des terriers de blaireaux dans des bois sur une lisière urbaine, je tombe sur d’étranges vestiges. D’abord (photo du haut), autour de traces d’un feu, un curieux mobilier constitué de palettes, de récipients métalliques rongés par la rouille et d’un chariot à roulettes du genre de ceux qu’on trouve dans les hôpitaux – rien à voir avec le chariot de supermarché, si pratique pour faire des grillades une fois correctement découpé. Sur ce plateau est posée une plaque en bois  avec une fleur soigneusement sculptée au couteau. Puis, un plus loin, mon regard est attiré par un bac en plastique à moitié fondu ainsi que par des pages imprimées. Le lieu s’annonce prometteur, car c’est le genre d’endroit où l’on peut s’attendre à trouver les restes d’un magazine de charme. En réalité, il y a là un Petit Larousse à moitié calciné, édition 1960 à vue de nez, dont le vent éparpille les pages. La présence d’une grille, de charbon de bois et de quelques canettes de bière confirme qu’il y eut là de modestes libations, conclues par une tentative d’incinération d’un dictionnaire qui alimenta peut-être, on aimerait le croire, les conversations autour du feu. Une observation plus méthodique des débris, à la manière des archéologues, serait nécessaire pour en savoir plus. Mais pour le moment, je retourne à mes blaireaux.

Date de l’article d’origine : 5 avril 2019

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