En longeant l’Isar (1)

La ville de Munich (1,5 million d’habitants, 2,4 pour l’aire urbaine) s’est développée autour de la vallée d’ l’Isar, une puissante rivière descendue des Alpes. A l’amont et à l’aval du centre de la ville, le lit majeur de l’Isar comporte un lacis de bras et d’îles sur une largeur dépassant parfois un kilomètre. On y trouve des parcs publics et des promenades qui font partie des principaux attraits de la ville. Vers le nord et touchant le centre-ville, le parc « Englischer Garten » est un des plus vastes parcs publics d’Europe (près de 400 ha, davantage que Central Park), et comme il fait un temps superbe ce premier mai, c’est le jour idéal pour le visiter en partant du Nord et en remontant vers la ville.

En sortant du métro, un coup d’œil d’abord au cimetière de Nord Friedhof. Parsemé de grands arbres, il ressemble à un parc, comme la plupart des cimetières des pays germaniques et nordiques. Les ouvrages funéraires se limitent à une stèle verticale toujours de dimensions modestes (moins d’ 1,30 m de haut), tandis que toutes les surfaces horizontales sont fleuries ou enherbées. Ce vaste ensemble (30 ha) est compartimenté par des charmilles de la même hauteur que les stèles, ce qui permet à quelque distance de ne voir que de la verdure. Des écureuils gambadent entre les tombes, sittelles et pics épeiches volent d’arbre en arbre. A ceux qui croient que le cimetière minéral et l’art funéraire pompeux sont l’apanage des pays catholiques, Munich montre que ce n’est pas si simple.

Contigu au cimetière se trouve l’Englischer Garten, qui offre sur des kilomètres d’harmonieuses alternances entre des bois plus ou moins ensauvagés, des prairies fleuries, des arbres majestueux isolés ou en petits groupes, et des berges de cours d’eau étonnamment rapides, alors que les pentes semblent faibles. Le parc est traversé par un dense réseau de voies bien dessinées : pistes cyclables, allées cavalières, chemins de promenade offrant différents niveaux de confort.

En ce début de matinée, il y a encore peu de monde – des marcheurs, des gens avec des chiens, des cyclistes, et même un type tout nu assis dans l’herbe à côté de son vélo, car le naturisme se pratique couramment ici. Mais l’affluence augmente rapidement à l’approche de midi : les tribus débarquent, le plus souvent à vélo, et convergent vers les Biergarten. En voici un qui s’est implanté à l’ombre de grands marronniers. La formule est simple : des grandes tablées pouvant accueillir des centaines de personnes, un kiosque proposant des spécialités locales qu’il n’est pas besoin de présenter, ainsi qu’une scène où se produisent des musiciens, complétée par une piste de danse. On cherche en vain ici les restaurants classieux qui, chez nous, s’implantent souvent le long des parcs urbains. Les Munichois préfèrent visiblement les plaisirs simples, la Gemütlichkeit dans la verdure autour d’une Bratwurst ou d’une « Mass » de bière (un litre), en écoutant de bonnes vieilles rengaines. Ici à Hirschau, une fois qu’on s’est frayé un chemin à travers les vélos, on trouve un petit orchestre de rockers bien amortis qui fait danser sur de vieux airs des années 60 un public également bien amorti, auquel se mêlent des enfants qui essaient d’imiter les grands. Soit dit en passant, ce genre d’environnement est bien plus amusant pour des enfants qu’un restaurant classieux où l’on n’a pas le droit de bouger. Cette ambiance détendue est parfaite pour déguster une Currywurst et reprendre des forces pour la suite. L’après-midi va en effet être riche en observations, et la randonnée urbaine totalisera 18 kilomètres.

Date de l’article d’origine : 8 mai 2019

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