Sociotopes et orientations d’aménagement dans les PLU

Nous avons déjà évoqué à diverses reprises la difficulté de créer du sociotope ex nihilo, notamment dans de futurs quartiers dont le mode de vie et les besoins des habitants ne sont pas encore connus. C’est un des problèmes auxquels sont confrontées les personnes qui réalisent, dans le cadre des Plans locaux d’urbanisme, des « orientations d’aménagement et de programmation » (OAP). Ces documents, dont on rappelle qu’il n’ont pas un caractère prescriptif, peuvent prévoir des parcs, des jardins publics, des terrains de jeux ou autres lieux d’activités et de convivialité, dont la réalisation sera à la charge de l’aménageur. Mais dans la pratique, on peut avoir affaire au meilleur comme au pire, en fonction du degré d’implication ou de négligence de l’aménageur.

Une illustration de ces difficultés est donnée par l’OAP ci-contre. Le rectangle vert est destiné, selon la légende, à devenir un « Parc central / lieu de vie et d’appropriation / Poche verte conviviale et ludique ». Cet espace a l’avantage d’être placé en situation relativement centrale et a des chances d’être à la fois bien visible et commodément accessible. Ce sont là des clés du succès, mais cela ne suffit évidemment pas. La superficie indicative, telle que mesurée sur le plan, est d’environ 2500 m². Ce n’est pas énorme, mais cela peut permettre d’accueillir diverses fonctions. Reste à savoir comment l’espace sera aménagé et équipé, et surtout, s’il sera suffisamment flexible et polyvalent pour répondre à des besoins susceptibles d’évoluer progressivement. On peut aisément imaginer divers scénarios-catastrophe, allant de la pelouse-défécodrome à chiens, à un « paysagement » encombrant et stérilisant. Une solution serait peut-être de ne pas trop se presser pour aménager cet espace et d’enquêter auprès des habitants du quartier adjacent, pour savoir de quoi ils auraient besoin et ce qu’ils aimeraient trouver ici. Cela pourrait déjà apporter quelques éléments de contenu, tels qu’un espace pour des jeux de ballon ou des troncs d’arbres pour permettre aux enfants d’y grimper. Mais cette manière de procéder n’est pas tellement dans les mœurs, et l’intérêt de l’aménageur (la recherche du moindre coût) peut rejoindre les attentes des adultes (avoir un espace qui se contente d’être vert et « propre », comme on dit ici) pour produire un lieu parfaitement stérile. On aperçoit ici comment les intentions généreuses d’une OAP pourraient être tenues en échec si la diversité des attentes (y compris celles des enfants !) n’est pas prise en compte.

Au nord et au sud de ce « parc central » apparaissent des carrés de couleur ocre, dont la légende indique qu’il s’agit de « Placette / Stationnement visiteurs / Mutualisation des ordures ménagères ». Ici, il semble que la formulation un peu fourre-tout risque de produire des lieux peu attractifs : la notion de « placette » est sympathique et peut correspondre à des lieux de rencontre, mais le risque de voir ces petits espaces encombrés par les voitures et les conteneurs à ordures n’est pas mince. Rendez-vous dans quelques années, lorsque le programme aura été réalisé, pour voir comment tout cela fonctionne en vrai.

Date de l’article d’origine : 13 mars 2019

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