La vie sociale des petits espaces urbains : la nourriture (1)

(suite de la traduction de « The Social Life of Small Urban Spaces », de W.H. Whyte)

Si vous voulez développer des activités dans un lieu, mettez-y de la nourriture. A New-York, sur chaque plaza ou volée d’escaliers avec un minimum de vie sociale, vous trouverez quasiment toujours un marchand de nourriture dans un coin, et un groupe de gens autour de lui, occupés à manger, à bavarder, ou juste à être là.

Les vendeurs ont du flair pour repérer les lieux qui marchent. Et ils y ont intérêt. Ils testent le marché en permanence, et si les affaires sont florissantes à un endroit, d’autres vendeurs ne vont pas tarder à venir s’y mettre. Ceci va attirer davantage de gens, donc d’autres vendeurs, et il peut finir par y avoir tellement de monde que le flux des piétons s’en trouve congestionné. A l’avant de Rockefeller Plaza durant les vacances de Noël, nous avons compté une quinzaine de vendeurs sur une section de 12 mètres, la plupart d’entre eux proposant des bretzels chauds.

Les autorités déplorent tout cela. Il y a suffisamment de règles pour rendre illégales les activités des vendeurs, agréés ou non, dans tout endroit où ils font de bonnes affaires. Les commerçants tannent systématiquement la police pour qu’elle fasse respecter la réglementation. Dans Midtown et Downtown, la principale activité visible de la police consiste à faire la chasse aux ambulants. Quelquefois, la police arrive avec un camion pour évacuer les installations. Ce genre de confrontation attire en général des foules, qui sont clairement du côté des vendeurs. Et elles ont bien raison, car ceux-ci sont devenus par défaut les principaux ravitailleurs de la vie extérieure de la cité. S’ils prospèrent, c’est parce qu’ils répondent à une demande qui n’est pas prise en charge par les commerces officiels. Les plazas sont particulièrement révélatrices : on n’en trouve quasiment pas une qui ait été construite sans avoir à démolir des restaurants ou des petits selfs. De ce fait, le vendeur remplit un vide, et cela devient particulièrement clair lorsqu’il est mis dehors. Une grande partie de la vie du lieu s’en va avec lui.

Photo : port de Bergen (Norvège). Date de l’article d’origine : 16 janvier 2019

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