Davantage de liberté dans les parcs parisiens

« Paris va vous permettre de vous amuser enfin un peu dans les parcs publics » : c’est sous ce titre un peu provocateur que le site américain CityLab présente les nouvelles règles d’utilisation des espaces verts parisiens. Ce regard américain sur la question me semble intéressant, et je vous livre donc une traduction de cet article.

Les parcs et les jardins de Paris sont peut-être beaux, mais ils n’ont jamais été les plus faciles à vivre des espaces publics. Avec leurs sentiers de graviers bien peignés, leurs arbustes soigneusement taillés et leurs plaques de pelouse derrière des clôtures en fer forgé, les jardins publics de la capitale – du moins les plus petits – ont tendance à se présenter comme des lieux ordonnés et quelque peu boutonnés. Vous pouvez vous promener, et vous asseoir avec correction sur les bancs, mais s’il vous plaît, ne vous étendez pas sur l’herbe ou ne lancez pas un frisbee.

Les choses commencent toutefois à changer. Après une délibération à l’automne dernier, de nombreux jardins publics sont dotés de règles plus souples, et les habitants commencent à en profiter. Depuis le 1er janvier, ils peuvent davantage faire du vélo dans les parcs, jouer au ballon, pique-niquer, et même, sous certaines conditions, promener leur chien. Auparavant, seuls 77 des 490 espaces verts publics de Paris permettaient cela. Les changements résultent d’une politique municipale impulsée par la responsable des parcs, Pénélope Komitès, et font partie d’un ensemble de mesures pour rendre Paris plus verte et agréable à vivre.

Les règles des parcs parisiens peuvent sembler draconiennes par rapport aux parcs nord-américains, mais ce n’est pas sans raisons. A part les très vastes parcs des bois de Boulogne et de Vincennes, où les règles sont nettement plus souples, les parcs et les jardins de la ville ne sont généralement pas très grands. Dans l’une des villes les plus densément peuplées d’Europe, les petits espaces verts doivent rester verts et calmes pour le plus grand nombre de gens. Si la ville permettait d’y faire n’importe quoi, ils pourraient se dégrader rapidement, comme c’est le cas dans certains jardins de Londres où les règles sont plus laxistes.

Au plan culturel, on commence à avoir une approche plus pratique de la gestion de la nature urbaine en France. Dans la grande tradition formelle du jardin, les arbres parisiens étaient souvent taillés jusqu’à ressembler aux personnages du Guernica de Picasso, tandis que l’on s’inquiète depuis longtemps de l’effet de la boue et des feuilles sur les enfants. Cela a peut-être incité la maire Anne Hidalgo à déclarer, lors de l’inauguration d’une cour d’école « verte », que « le fait de toucher une plante ne rend personne malade ».

Cette raideur a produit quelques frustrations. Comme le note le journal Le Parisien, jusqu’à ce que le règlement soit modifié, les cyclistes se déplaçant entre le principal pôle universitaire de la ville et la Cité Universitaire devaient contourner le parc Montsouris. Et tandis qu’on n’empêche personne de manger un sandwich sur un banc, des groupes faisant la même chose risquaient d’être chassés. Sachant que les parcs sont des lieux de détente, des attitudes de ce genre gâchaient quelque peu leur fonction première.

Les Parisiens eux-mêmes souhaitent une approche plus décontractée. Dans le but de rafraîchir la ville et de la rendre plus résiliente face au changement climatique, la mairie élargit les périodes d’ouverture des parcs, et espère pouvoir garder certains lieux ouverts 24h / 24 et 7j / 7 pendant les grandes chaleurs. Les nouvelles règles pourraient induire un changement de comportement chez les Parisiens, mais elles reflètent aussi des changements qui ont déjà eu lieu.

 L’assouplissement des règles est multiforme. Les pique-niques (mais pas les barbecues) pour les groupes de moins de 30 personnes ne nécessitent plus d’autorisation. Les cyclistes peuvent rouler là où il y a des pistes cyclables et, ailleurs, peuvent rester sur leur vélo à condition de garder un pied à terre. Au printemps, on va signaler des arbres pouvant recevoir des hamacs, tandis que les bains de soleil sur les pelouses seront autorisés du 15 avril au 15 octobre. Jusque là cette pratique était dans une zone grise : elle était encouragée sur les berges de la Seine, mais mal vue dans les parcs formels comme celui du Luxembourg. De plus, les parcs vont offrir davantage de place pour pratiquer des jeux de société et, sous certaines conditions, les chiens en laisse seront autorisés dans des petits parcs d’où ils étaient bannis. Là-dessus, les règles demeurent strictes : en laisse ou pas, les chiens resteront interdits là où il y a des jeux pour enfants, ce qui veut dire que des quantités de jardins n’accepteront pas les chiens.

Photo du haut : pique-nique familial dans le parc de la Cité Universitaire de Paris.

Photo du bas : le parc Montsouris. Date de l’article d’origine : 4 mars 2019.

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