Nous analysons actuellement les résultats d’une enquête auprès de 87 enfants scolarisés dans une commune rurale morbihannaise de 2500 habitants, sur la base de la méthode suédoise déjà présentée ici à propos d’une autre commune (Le Saint) pour laquelle l’échantillon était beaucoup plus réduit (12 enfants). Ce travail va se poursuivre dans les jours et les semaines à venir, mais voici déjà quelques informations intéressantes pour ce blog.
L’expérience de l’espace extérieur par les enfants a été classée en trois catégories, en fonction de la diversité des lieux et des activités pratiqués : riche, moyenne, pauvre. Cette diversité est elle-même liée au degré de l’autonomie laissée aux enfants. Cette autonomie pourra aussi être évaluée, sachant qu’elle est en rapport avec l’âge, le sexe et le lieu d’habitation.
On remarque que 44% des filles ont une expérience pauvre du territoire et que 2% seulement en ont une expérience riche, alors que pour les garçons, les chiffres sont respectivement de 35% et 19%. Il est ici très clair – ce qui est confirmé par les entretiens – que les garçons ont bien plus de liberté que les filles pour circuler à travers le territoire et partir à la conquête du monde – le vélo étant le principal outil de cette liberté.
On constate aussi que dans cette commune où 44 % des élèves habitent au bourg et 56 % en campagne, 20 % des élèves résidant au bourg ont une expérience riche du territoire contre 4 % seulement de ceux qui habitent en campagne. La pauvreté de l’expérience concerne 21 % de ceux qui habitent au bourg et 48 % de ceux qui habitent en campagne.
Ces données provisoires confirment ce que nous avions pressenti sur la commune de Le Saint : le fait d’habiter dans un bourg rural, si modeste soit-il, favorise très nettement la richesse de l’expérience de l’enfant, alors qu’habiter en campagne est souvent synonyme d’isolement, voire d’enfermement dans un environnement pauvre, avec une forte dépendance à la voiture des parents. Il y a des exceptions, relevées à Le Saint et confirmées ici, pour les enfants habitant dans un environnement naturel riche et accessible (avec des bois, des ruisseaux, des chemins…), ou pour les enfants d’agriculteurs. Mais dans un environnement rural qui s’est fortement banalisé et n’a plus grand-chose à voir avec celui de La Guerre des boutons, de telles opportunités sont devenues rares. Les enfants sont aujourd’hui fortement tributaires des conditions de vie qui leur sont faites dans les bourgs, notamment de la présence d’une trame verte accessible, d’aires de jeux adaptées à leurs besoins, d’équipements sportifs et de cheminements sûrs.
Date de l’article d’origine : 2 octobre 2018