Quand l’austérité budgétaire menace les parcs publics

Le site du New-York Times fait aujourd’hui sa « une » sur les conséquences sociales de l’austérité budgétaire en Grande-Bretagne, en prenant pour exemple la municipalité de Prescot, dans la banlieue de Liverpool. L’article s’ouvre sur l’exemple du parc municipal de Browns Field, l’un des 17 parcs publics que la municipalité travailliste a décidé de vendre en totalité ou en partie à des intérêts privés, de manière à pouvoir faire face à ses charges alors que les aides de l’État diminuent fortement. Pour faire passer la pilule, la municipalité a tenté de l’enrober en expliquant que cette opération devait permettre de sécuriser définitivement la préservation des parcs restants. L’argument n’a pas convaincu, puisqu’une marche de protestation a été organisée et que l’élu responsable de l’opération a été démis de ses fonctions par le Labour pour être remplacé par un Vert hostile au projet.

« Tout le monde utilise ce parc », déclare Jackie Lewis, qui élève ses deux enfants à un bloc de là. « C’est probablement notre dernier bout d’espace communautaire. Ils disparaissent l’un après l’autre, c’est désespérant ». En huit ans, du fait des coupes imposées par le gouvernement, la collectivité locale a vu son budget divisé par deux et abandonne progressivement ses missions facultatives – dont les parcs et jardins ne font pas partie, comme nous l’avons expliqué ici – pour se recentrer sur ses missions obligatoires. Cette austérité enfonce encore un peu plus les classes populaires et les pauvres, le NYT citant notamment l’augmentation de la criminalité, les addictions aux drogues, la mortalité infantile, la pauvreté des enfants, les sans-abri… Les municipalités opposées à cette politique, comme celle de Prescot, doivent tout de même « faire le sale travail » et encaisser les coups lorsqu’elles ont à faire des arbitrages et à essayer de sauver l’essentiel.

L’affaire du parc de Browns Field, que l’on peut suivre par exemple ici, illustre pour le NYT le gouffre qui sépare, dans « le cinquième pays le plus riche du monde », la minorité aisée et une masse de déclassés dont les conditions d’existence deviennent de plus en plus dures. Cela relativise nos plaintes de l’autre jour, quant à nos législations qui ne s’attacheraient pas suffisamment au bien-être, mais rappelle aussi ce que peut signifier pour les gens ordinaires la réduction des dépenses publiques. Cela dit, dans une saine approche libérale de la question, on pourrait considérer que si ces gens-là voulaient bien travailler dur au lieu de se gaver d’aides sociales, ils deviendraient riches et pourraient ainsi s’offrir leur propre parc, ce qui résoudrait élégamment le problème.

Lire également notre article sur le même thème.

Photo : Andrea Bruce, New York Times.

Date de l’article d’origine : 28 mai 2018

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