Oui aux jeunes !

Nous avons beaucoup parlé des enfants ces derniers temps, et c’est là un sujet plutôt facile car chacun sait que jusque vers 12 ans ils sont gentils mignons tout plein, tandis qu’avec les ados c’est une autre paire de manches : ils glandent, quand ils ne sont pas devant leur ordi c’est qu’ils sont dehors à faire des c…ries, on leur propose des activités et ça ne leur plaît pas, bref, rien que des des problèmes.

En Amérique du nord, on voit aujourd’hui fleurir dans les espaces publics les panneaux « No loitering » (traduit par « défense de flâner » au Québec, comme le savent nos lecteurs), censés tenir à l’écart et repousser plus loin tous ceux qui aiment traîner (« hang out »*), notamment les jeunes et les marginaux. Mais c’est aussi aux Etats-Unis qu’est né le projet « Yes Loitering », pas facile à traduire autrement que par « Oui, vous êtes les bienvenus à traîner ici ». Le site américain Urbanomnibus nous apporte des informations très intéressantes sur ce projet. Un petit aperçu :

« Rappelez-vous quand vous étiez un ado. Où aimiez-vous traîner ? Vous alliez peut-être chez des amis, ou dans un centre commercial, ou peut-être aviez-vous un lieu secret à l’abri du regard suspicieux des adultes. Sans doute n’y avait-il pas à cette époque tellement d’endroits où vous puissiez vous sentir indépendant et comme chez vous. C’est un sentiment répandu quel que soit l’endroit où vous ayez grandi. Les jeunes gens ne sont pas seulement les oubliés de nos villes : nous les en rejetons. Qu’ils soient considérés comme des nuisances ou des menaces pour la sécurité, les jeunes sont souvent victimes de restrictions légales, spatiales et sociales qui limitent nos possibilités de « traîner » – d’être nous-mêmes dans l’espace public.

Nous, au Projet Yes Loitering, sommes un groupe de six jeunes de 15 à 18 ans du South Bronx, travaillant avec l’artiste et designer Chat Travieso pour faire des recherches sur les rapports entre jeunes et espace public. Sur quatre mois de 2017, nous avons conduit des entretiens en groupes, des interviews avec des experts du développement des jeunes, de l’aménagement d’espaces publics et du monde de la Justice. Nous avons observé des lieux que les jeunes aiment fréquenter, mené des conversations, des enquêtes et des ateliers avec nos amis et d’autres jeunes. Nous avons étudié les manières dont les jeunes sont visés dans les espaces publics et développé des idées sur les manières d’associer les jeunes à la création d’espaces publics qui leur soient sûrs et accueillants ».

La suite  au prochain épisode… mais d’ici là, allez voir le très stimulant article sur Urbanomnibus, qui ne se contente pas de déplorer mais propose des méthodes de travail.

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* Quelques considérations linguistiques : on notera que « to hang out » n’a pas de connotation péjorative à la différence de sa traduction française « traîner ». A l’inverse, le terme québécois correspondant, qui est « flâner », est très négatif, à la différence du même mot en « français de France », qui évoque une activité agréable et innocente.

Illustration extraite du site Urbanomnibus.

Date de l’article d’origine : 26 avril 2018

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