Le territoire des enfants est-il vraiment si réduit ?

Ce matin, conseil municipal des jeunes dans une commune péri-urbaine morbihannaise de 6500 habitants. L’objectif de la séance, organisée par la commune à l’initiative du bureau d’études chargé de la concertation sur le PLU, est de connaître les représentations et les pratiques du territoire communal par les enfants. Il est demandé à ceux-ci de dresser des cartes mentales de la commune par équipes de quatre, et d’indiquer leurs préférences quant à un certain nombre de thèmes en lien avec le PLU et illustrés par des photos. Peu de temps auparavant avait eu lieu une réunion de formation des élus, durant laquelle avait été entendu le propos, apparemment largement partagé, selon lequel « maintenant, les enfants ne vont plus dans la nature, d’ailleurs les parents ne les laissent plus s’éloigner de chez eux ». Nous avions donc ce matin l’occasion de voir ce qu’il en est réellement, grâce aux témoignages des 16 participants âgés de 9 à 11 ans.

La réalité apparaît bien différente de la vision des adultes. Dans cette commune qui a la chance d’être très boisée, avec en particulier beaucoup de bois et de « trame verte » au contact des habitations, les enfants sont manifestement assez vadrouilleurs. Le travail sur les cartes mentales et les échanges autour des photos montrent que dans leur grande majorité, ils connaissent et fréquentent de nombreux espaces verts et espaces naturels pour y pratiquer diverses activités – balades à pied ou à vélo avec les copains, parties de cache-cache apparemment très prisées, ou encore des jeux dont nous avons découvert l’existence tels que « la gamelle » ou « le piou-piou ». Un propos entendu selon lequel « on va partout dans les bois » montre que certains disposent d’une belle marge de liberté et se moquent complètement de savoir à qui appartiennent les bois en question – l’essentiel est qu’il y ait moyen d’y pénétrer, ce qui, heureusement, ne pose pas de problèmes dans cette commune.

Quelles conséquences peut-on en tirer pour un plan d’urbanisme ? Si les adultes du conseil municipal ont raison, il n’est pas essentiel de préserver ni de renforcer les liens entre les quartiers d’habitat et les espaces naturels, puisque les enfants n’en font pas usage – après tout, « les adultes ont tous leur voiture », pas vrai ? Si ce sont les enfants qui ont raison, et ce pourrait bien être le cas, alors il importe de préserver l’accessibilité des espaces naturels voire de renforcer l’offre de logements à proximité de ceux-ci – ou au moins en les rendant accessibles de façon efficace et très sûre, par des chemins cyclables par exemple. De tels choix portent à conséquence en matière de planification. Mais qu’aurait-on su des pratiques des enfants si cette séance avec eux n’avait pas eu lieu ?

Voir aussi dans ce blog : Le territoire des enfants se ratatine.

Date de l’article d’origine : 31 mars 2018

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