Comme il a neigé un peu partout ces derniers temps, sauf ici sur la « Riviera bretonne », le moment est tout indiqué pour évoquer la neige en tant que révélateur des flux de déplacement en milieu urbain. Nous avons à plusieurs reprises comparé l’activité du sociotopologue à celle du naturaliste, lorsqu’ils recherchent des indices de présence ou des traces de passage, et chacun sait qu’il n’y a rien de mieux que la neige pour révéler des passages d’animaux. En milieu urbain, on n’en est pas encore à traquer le piéton comme une espèce rare, et le propos est plutôt de voir quels sont les trajets empruntés, les lieux évités, les axes ou lieux de concentration des flux, etc. On peut y arriver sans attendre une chute de neige (cf les travaux de W.H. Whyte à New-York), mais la photographie et la lecture de ces données dans la neige sont apparemment des activités agréables et instructives, comme l’avait déjà montré l’urbaniste Jan Gehl à Copenhague.
Olivier Razemon, qui tient un excellent blog sur les « déplacements doux », a publié en fin d’année dernière dans Le Monde un non moins excellent article sur la question. Il va d’ailleurs bien au-delà du simple constat, pour montrer que des projets de réaménagements possibles (à des intersections, par exemple) s’inscrivent directement dans la neige, montrant comment il serait possible d’élargir des trottoirs, de rétrécir des carrefours ou de créer des refuges pour les piétons. Car il n’y a pas que les traces de pas : les traces des pneus de voitures révèlent aussi la manière dont l’espace est utilisé. N’oubliez pas de suivre, dans l’article, le lien vers un autre article sur la « ligne de désir », où l’on retrouve le thème de la neige. Et profitez-en pour découvrir le sens du terme « sneckdown ». La prochaine fois qu’il neigera chez vous, vous ne verrez plus votre ville de la même manière !
Photo : auteur inconnu. Date de l’article d’origine : 9 février 2018.