En 1979, la sociologue Marie-José Chombart de Lauwe considérait avec amertume la place donnée aux enfants dans les villes (1) : « L’absence de l’enfant dans la planification urbaine est une violence passive contre toute cette catégorie d’âge. Les conséquences ? Une nouvelle génération jugée passive face à l’environnement, car durant son enfance elle n’a pu agir son cadre de vie, se l’approprier, ou encore une jeunesse qui n’aura trouvé que la violence pour exprimer son identité en occupant des lieux qui ne lui étaient pas destinés ». Il n’est pas sûr que la situation ait fondamentalement changé, au vu de ce que nous avons pu constater dans les documents d’urbanisme. Cependant, les nombreuses initiatives qui se développent à travers le monde sont susceptibles de faire école, et en France, on cherche ici ou là à associer les enfants à des projets d’urbanisme ou d’espaces publics.
Nous évoquions récemment la Convention des droits de l’enfant (1989) comme référence et source d’inspiration possible. Un article du site Urban Hub (Quand les enfants endossent le rôle d’urbanistes, tout le monde apprécie mieux la ville) nous permet d’aller un peu plus loin dans cette voie : « La Convention [de 1989] défendait la participation des enfants dans tous les processus sociaux, mais il a fallu attendre le début des années 2000 pour que l’UNICEF étende cet objectif en introduisant le concept de ville conçue par et pour les enfants. Au cours de la dernière décennie, des organisations telles que le Children’s Environments Research Group et la Bernard van Leer Foundation ont souligné l’importance de l’engagement des enfants dans l’urbanisme. Face à la multiplication des initiatives visant à intégrer leurs idées dans l’aménagement urbain, les villes reconnaissent qu’elles peuvent en tirer des avantages considérables ».
L’article apporte ensuite quelques éléments méthodologiques pour aider à ce que de telles initiatives ne soient pas « juste un jeu d’enfants », ainsi que des références à des opérations jugées exemplaires en Suède, au Japon et en Inde (malheureusement sans liens, donc il va falloir chercher et traduire). Une des difficultés est de passer du stade de la « consultation » à celui de la « co-construction », et d’arriver à porter les idées des enfants jusqu’au stade d’un projet formalisé en évitant qu’elles ne se perdent en cours de route.
(1) Revue Autrement n° 22, novembre 1979.
Date de l’article d’origine : 6 octobre 2017