Le jardin ou le square urbain est traditionnellement un objet délimité par des rues à voitures, ce qui pose à ses utilisateurs quelques problèmes d’accès et de nuisances, notamment sonores. Rares sont ceux (comme le parc Monceau à Paris) qui proposent un contact direct avec les habitations environnantes. Les choses semblent avoir changé depuis le mouvement moderniste des années 1950 / 60, qui a conduit à implanter des bâtiments au milieu d’espaces verts ; mais comme nous l’avons vu ici à plusieurs reprises, le contact entre les pieds d’immeubles et la verdure manque souvent de souplesse, et une mise à l’écart s’opère souvent, avec des voiries, des parkings ou des clôtures. Cette mise à l’écart ne serait-elle pas la marque d’un esprit « démocratique » et égalitaire s’opposant au « privilège » inacceptable que constituerait l’accès direct de certains habitants à des espaces verts publics ? N’exprime-t-elle pas non plus des blocages culturels et des difficultés techniques lorsqu’il s’agit de gérer les contacts entre le bâti et la nature ?
Un petit jardin public rennais (le square Antoine Jagu), récemment aménagé sur un coin de verdure à l’abandon, montre qu’il est possible de concilier à la fois une ouverture directe sur un pied d’immeuble (avec un petit espace de transition privatif et des portillons dans la clôture) et une ouverture à tout le monde, si bien que le jardin est utilisé aussi bien par les résidents que par des habitants du voisinage ou des gens de passage, car on se trouve ici dans la trame verte de la vallée de l’Ille. Son aménagement est à la fois simple et soigné, avec notamment une table de ping-pong (utilisée), une grande table avec bancs (utilisée), des bancs à dossiers et des cheminements confortables.
On note au passage que l’ensemble de l’espace est parfaitement plan (pas de bordures, d’éléments rehaussés), ce qui facilite à la fois l’accès, les jeux, et l’entretien par les services de la Ville.
Date de l’article d’origine : 1er juin 2017