Une ZAC rennaise vue sous l’angle des sociotopes

Située au nord de Rennes, au contact de la ville et dans la vallée de l’Ille, la toute neuve ZAC Armorique est une importante opération d’aménagement comportant la création de 600 logements collectifs, 17 000 m² de bureaux et des commerces. Elle n’est pas terminée, mais ce qu’on peut en découvrir intègre des idées mises en oeuvre autour de Rennes depuis 25 ans : compacité, préservation de la trame verte existante et création de nouvelles continuités vertes dans le bâti, importance donnée aux déplacements doux, mixité sociale… Tout cela est très positif, reste à voir ce que donnent les espaces ouverts et comment les habitants s’en servent. Certes, tout n’est pas en place et une visite rapide ne donne qu’une approche superficielle des choses, mais tant pis, lançons-nous quand même.

On constate d’abord que le stationnement des habitants est souterrain, ce qui permet à la fois d’accroître la densité des constructions et d’offrir de la verdure. C’est une énorme différence par rapport à tant de ZAC où une grande partie de la surface est consacrée aux parkings. On note aussi, au cœur du quartier, une belle bande verte de 15 m de large ouvrant sur la vallée de l’Ille, parcourue par un chemin pour piétons et vélos autour duquel des espaces d’herbe sont librement accessibles (photo du haut). Les immeubles de part et d’autre s’ouvrent bien sur cet espace, qui est utilisé par des enfants : certains font du vélo, tandis que d’autres jouent au ballon ; manifestement, ça fonctionne. Par contre, du côté de la vallée de l’Ille, les choses se gâtent : une longue façade d’immeuble, posée sur un socle en béton et un entresol, crée un effet de paroi et le contact avec l’espace naturel est plutôt raide, sans espace de transition (photo du milieu). Une fois de plus, on dirait que nos architectes ont du mal à composer finement leurs projets avec la nature. Si vous cliquez ici, vous pouvez voir comment ils ont fait à Helsinki pour implanter une opération du même genre le long d’un espace naturel : pour y être allé, je peux témoigner que c’est nettement plus agréable et que les habitants utilisent énormément les espaces de transition ainsi créés.

Autre problème : au pied d’un immeuble de bureaux, face à l’habitat, un espace de 700 m² est occupé par des blocs de pierres entre lesquels ont été installées des graminées (photo du bas). On devine là une volonté de « paysagement » à finalités ornementales, mais cet espace est totalement stérile en termes de possibilités d’usage, et on se pose aussi des questions sur son entretien futur compte tenu de la présence de blocs rocheux un peu partout. Cela donne une impression de gaspillage d’espace, qui contraste avec la qualité de la coulée verte évoquée plus haut.

En résumé, l’idée de la trame verte traversant le bâti semble très bien fonctionner en termes d’usage par les habitants, tandis que le potentiel du contact avec l’espace naturel est mal exploité (sous réserve d’éventuelles améliorations à venir) et que la présence d’un « espace stérile » à l’intérieur du quartier pose problème, tant au regard de l’occupation rationnelle des terrains que des besoins d’espaces verts d’hyper-proximité pour les habitants.

Date de l’article d’origine : 23 mai 2017

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s