On entend parfois dire ici ou là que l’Europe serait devenue un monstre bureaucratique vendu aux sinistres intérêts du Grand Capital et agissant contre les intérêts des Peuples. Ce n’est sans doute pas totalement faux, encore que les peuples en question doivent bien y être pour quelque chose, car ils votent. Mais si nous sortons là du sujet de ce blog, nous allons y revenir de ce pas.
Les Açores, archipel portugais au milieu de l’Atlantique, étaient il y a une vingtaine d’années seulement une des régions les plus pauvres d’Europe, avant de bénéficier de la manne des fonds européens (c’est à dire de la solidarité des États membres), qui a permis d’améliorer sérieusement les infrastructures et le niveau de vie des habitants. Dans l’archipel, il y a une île qui s’appelle Sao Jorge, et sur cette île, le promeneur qui traverse le petit village de Vimes a le plaisir de pouvoir s’abreuver à une fontaine publique (photo). Elle est installée là depuis 1883 et dispense gratuitement une eau bien fraîche aux habitants comme aux touristes assoiffés. Quoi de plus naturel ? Pourtant, le visiteur attentif remarque sur la fontaine une petite plaque signalant que cet ouvrage a été remis en état grâce à un financement du programme européen LEADER, dans le cadre d’un programme global de restauration des fontaines publiques de l’île.
Qu’est-ce à dire ? Le monstre bureaucratique s’intéresserait-il aux fontaines de villages de rien du tout situés à 3000 km de Bruxelles ? Le Grand Capital a-t-il des intérêts dans cette affaire ? En se déplaçant dans l’archipel, on s’aperçoit aussi que le même programme a financé des réaménagements d’espaces publics, des restaurations de monuments historiques, des réhabilitations d’espaces naturels, des centres d’éducation à l’environnement, et j’en passe. A une époque où l’exécration des institutions européennes (et bien sûr du principe de solidarité entre États) devient très tendance, il peut être utile de rappeler de telles réalités.
Date de l’article d’origine : 16 avril 2017