Calculer et représenter la complexité des parcours

Nous avons à de multiples reprises souligné l’importance de s’intéresser aux caractéristiques du trajet entre le domicile et les espaces verts, si l’on souhaite que ceux-ci soient mieux utilisés par les habitants ; et nous avons signalé ici l’existence d’un logiciel gratuit (Depthmap) qui permet d’analyser la complexité des trajectoires, en calculant les distances angulaires (nombre de changements de direction) entre un point et un autre, ou entre une rue et toutes les autres rues d’un territoire donné. Si ce programme se base sur des notions géométriques complexes, voire ardues quand on n’est pas très matheux, son utilisation est assez simple dès lors que l’on a modélisé, sous la forme de segments droits se recoupant, le réseau de voies que l’on veut analyser.

En analysant les distances angulaires, la connectivité des voies et la notion de « plus court chemin » au regard de la complexité de trajet, Depthmap permet d’identifier les voies ou les lieux mal intégrés à un territoire et difficilement accessibles. Il a aussi la capacité, démontrée par diverses études, à « prévoir » les flux (de piétons, de voitures ou autres) sur la base de ces quelques critères.

J’ai récemment testé cet outil sur ma propre commune, le plus long ayant été de dessiner tout le réseau de rues sous Illustrator. La carte ci-dessus présente la complexité des trajets pour se rendre au principal parc public de la ville (indiqué par une étoile), les niveaux de complexité étant représentés par un code de couleurs allant du bleu foncé (complexité minimale) au rouge (complexité maximale). Le programme offre la possibilité de déplacer ou d’ajouter des segments, ce qui permet d’analyser les bénéfices pouvant résulter de la création de nouveaux accès.

Soit dit en passant, ce travail m’a permis de découvrir que la notion de continuité piétonne est largement décorrélée du réseau de voies, car parmi toutes celles qui sont représentées sur la carte, beaucoup ne sont tout simplement pas utilisables par les piétons. En sens inverse, il existe des passages piétonniers (raccourcis entre des quartiers par exemple) qui ne sont recensés nulle part et ont pourtant un grand intérêt pratique. Je m’aperçois par la même occasion que j’ai attendu jusqu’à aujourd’hui pour me demander ce que signifie réellement la notion de continuité piétonne dans une ville, sur quels critères elle repose, comment on peut la représenter, etc. Un sujet essentiel et pourtant assez peu exploré, semble-t-il, qui ouvre de vastes possibilités d’investigations – en commençant par du travail de terrain.

Date de l’article d’origine : 10 mai 2017

Laisser un commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s