Sur les hauteurs proches de l’Alfama, un quartier central de Lisbonne, se trouve le Jardim Botto Machado. Ce square discret, dans un quartier bien tranquille, n’a à première vue pas grand-chose de remarquable. On y trouve de grands arbres offrant une ombre bienvenue, un point de vue sur l’estuaire du Tage, des jeux pour les enfants, et un petit café de plein-air. Ce matin, celui-ci diffuse à bas volume des sonates de Mozart, qui ne couvrent pas le pépiement des moineaux ni le roucoulement des pigeons. Des enfants jouent sous la surveillance de mères de famille qui bavardent sur les bancs. Des gens seuls ou en groupes sirotent leur boisson. Un jeune type, orteils en éventail, pianote sur son ordinateur portable. Une femme, assise sur un muret, dessine ; un couple passe en se tenant par la taille et marque une pause pour admirer le Tage. Deux touristes françaises écrivent tout en prenant un café ; l’une d’elles s’exclame : « Qu’est-ce qu’on est bien ici ! On aimerait que de tels instants ne s’arrêtent jamais ».
Et le sociotopologue de passage, qui n’en perd pas une miette, photographie discrètement les lieux et les gens, histoire de préserver le souvenir de ces moments de grâce qui nous apprennent des choses essentielles sur les recettes du succès : du calme, de beaux arbres, de la vue, des activités pour les enfants, une variété de lieux pour s’assoir… et un café ! Et avec un peu de Mozart par là-dessus, on atteint le nirvana.
Le prochain article présentera un des jardins publics les plus calamiteux qui soient, également à Lisbonne.
Date de l’article d’origine : 22 décembre 2016.