La semaine prochaine, l’association Nature&Culture ainsi que l’auteur de ces lignes proposent à Lorient une formation d’une journée sur le thème « Écrire clair dans le domaine de l’aménagement ». Le propos est de promouvoir une expression simple permettant d’être compris du plus grand nombre, ce qui suppose de démonter préalablement les mécanismes qui conduisent à produire du verbiage abscons. Vaste programme !
Un des exemples de formulation filandreuse est pris dans le « Guide méthodologique des marches exploratoires des femmes », un document excellent au demeurant mais pas toujours très limpide :
« Veiller à l’accessibilité des espaces publics suppose une actualisation constante des aménagements et repose sur l’amélioration de la sécurité des citoyens, et surtout des citoyennes ».
Un bel exemple où l’on trouve à la fois l’escamotage du sujet réel (remplacé par l’infinitif), un abus de nominalisation (*) avec des mots abstraits (actualisation, amélioration) et une construction inversée (suppose, repose sur), tout cela empêchant le lecteur de savoir qui parle, qui veut et qui décide.
Nous proposons la réécriture suivante :
« Pour que les habitants, en particulier les femmes, aient envie de fréquenter davantage les espaces publics, nous devons renforcer la sécurité et améliorer la qualité des aménagements ».
Ce n’est sans doute pas l’idéal, mais n’est-ce pas un peu plus précis et intelligible ?
Les paysagistes vont aussi en prendre pour leur grade, lorsqu’ils font un usage immodéré des « mots magiques » tels que valoriser, restructurer, remailler, requalifier, recoudre, conforter… Ce vocabulaire crée un univers merveilleux dans lequel tout semble possible, mais qui est souvent déconnecté de la réalité des moyens.
(*) procédé par lequel on convertit en substantif une idée qui pourrait être plus clairement expliquée par une phrase.
Le programme de la formation (sous le titre souchonnien « Il faut voir comme on nous parle ») est accessible ici.
Date de l’article d’origine : 9 novembre 2016.
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